Vendredi 7 août : une autre visite surprise.
C’est l’anniversaire du mousaillon, jour attendu depuis longue date car il signifie le début de la pré-retraite et donc d’une vie qui ne sera plus planifiée par le rythme du travail, une vie qui pourra laisser place à l’improvisation. C’est aussi le début de la 3ème et dernière phase de vie, de tout coeur nous souhaitons qu’elle soit belle et nous ferons tout pour qu’il en soit ainsi.
Comme il se doit le soleil est là et dès le matin les SMS affluent, notamment celui de Véronique (petite soeur du mousaillon) qui dit être à Martigues avec son mari. Nous les invitons à venir nous faire 1 petit coucou puisque nous sommes toujours au port de Toulon où nous rechargeons nos batteries. (C’est hier que nos 3 cyclones nous ont quitté! ). Les retrouvailles seront plus rapides en voiture qu’en voilier et c’est donc en live qu’ils viennent souhaiter l’anniversaire du moussaillon.
Nous allons vite faire quelques courses pour les accueillir et ils sont déjà là. Ils visitent, s’installent, ne se sentent pas très à l’aise (et pourtant nous ne sommes qu’au port!) et nous partagent les nouvelles du pays, de la famille et les petits potins ....Tout cela prend pas mal de temps car il y a déjà 5 semaines que nous sommes partis. En fin d’après-midi ils nous quittent et nous allons vite faire l’avitaillement car demain ce sera une grande première : nous ne serons plus que nous 2 sur le bateau: ce sera l’heure de vérité!
Samedi 8 août : changement de cap.
A tous ceux avec qui nous avons partagé nos projets avant le départ nous avions parlé de terminer notre périple en partant vers l’ Espagne. Les mauvaises conditions venteuses de ce mois de juillet amènent Michel à revoir cette destination car en novembre lorsque nous devrons remonter le bateau vers Martigues pour le tirer au sec et le mettre en vente, comment seront celles-ci? C’est souvent dans le golfe du Lion qu’il y a eu des avis de “grand frais” et nous devrons passer par là. Nous changeons donc nos projets et ferons durant cette quinzaine l’exploration de la Côte d’Azur...
Nous mettons le cap sur les îles de Lérins, la météo est bonne et nous quittons Toulon sans souci. Première épreuve réussie pour le mousaillon : quitter le port en larguant correctement les amarres et en rentrant les pare-battages. Il faut dire que ses parrain et marraine marins Pierre et Jacqueline l’ont bien initié et que son capitaine est un homme très patient! Nous passons la nuit ( bonne malgré un peu de roulis) en mouillant à La Madrague dans la presqu’île de Giens. Deuxième épreuve : le mouillage : réussi parce qu’il n’y a pas trop de monde et peu de vent.
Dimanche 9 août : Route sous les couleurs de la république.
Le relevé de l’ancre se fait sans problème et Framboise prend confiance en elle.
Nous passons le long du fort de Brégançon, résidence d’été du président de la République, mais apparemment il n’y est pas car tout est calme dans le coin, longeons la corniche des Maures et en fin d’après-midi nous arrivons au Cap Nègre, dans l’anse de la Cavalière, et là il y a de l’animation: police, hélicos,...C’est là que Carla a une villa et donc, nous devinons que Nico a préféré y passer ses quelques jours de vacances. Nous le comprenons car le site est superbe et semble moins austère que le fort de Brégançon.
Nous y mouillons et nous dormons “sous les fenêtres de Nico et Carlita” ,en toute sécurité car la police maritime elle veille...Nuit paisible donc.
Lundi 10 août : Cruchot a disparu!
Après un relevé d’ancre sans faute nous continuons notre périple et nous mouillons dans la baie de Pampelonne, célèbre surtout pour sa plage. C’est là que Gérard Oury a tourné les célèbres scènes “Des gendarmes à Saint Tropez”. Sur cette plage longue de 4 km, on peut “observer” ou “admirer” des nudités célèbres et dans la baie, des bateaux de taille impressionnante s’alignent sur plusieurs rangs comme de simples zodiacs. Nous verrons ainsi sur un yacht britannique des jeunes issus de la jet-set se comporter comme dans les magazines people : coupe de champagne( on suppose...) à la main, garçons et filles aux attitudes provocantes et langoureuses, ....L’après-midi se passe en observation de la faune qui vient pour se montrer et cela passe vite! Nous avons branché notre ordi, nous avions une connection wi-fi possible avec un voisin monégasque mais apparemment il n’est pas très partageur car il fallait un mot de passe pour y accéder...
Le soir, la baie est quasi déserte et il n’y a plus un chat sur la plage : impressionnant! Tout ce joli monde est sans doute parti vers Saint- Trop pour s’y faire remarquer dans les boîtes branchées : faut être au bon endroit au bon moment!
Mardi 11 août : direction la rade d’Agay ( en hommage à Fernand).
Nous levons l’ancre avant l’arrivée des membres de la jet-set, doublons Saint-Tropez sans pousser le fétichisme jusqu’à aller admirer sa célèbre gendarmerie, sommes très souvent “emmerdés” par toutes les vagues provoquées par ces bateaux à moteur qui cassent notre rythme à la voile. Le paysage est moins beau que précédemment, plus gris, plus terne jusqu’à ce que nous atteignons le Cap du Dramont. Là, débute la corniche de l’Estérel qui est d’un ocre rouge, très découpée, d’une beauté époustouflante surtout au coucher du soleil. Michel tire des bords et finalement nous allons mouiller dans la rade d’Agay dont son ami Fernand lui a tant parlé. Honnêtement, ce n’est pas le mouillage dont nous garderons un souvenir exceptionnel :ski nautique entre les bateaux, route et voie ferroviaire proches, voisins bruyants...mais bon, comme cela nous avons vu et nous l’espérons, Fernand sera content.
Mercredi 12 août : enfin les îles de Lérins.
Une fois de plus, le lever de l’ancre se fait sans difficultés, nous croisons une magnifique ancienne goélette et tandis que je fais la vaisselle Michel siffle, comme souvent, je crois que c’est pour me montrer, me partager quelque chose de beau, mais non dès que j’arrive dans le cockpit, je vois deux mètres derrière nous un Bavaria 38. Nous avons évité la collision de justesse car sur ce voilier personne ne veillait, les dames papotaient dans le cockpit et les messieurs? c’est donc parce que Michel les a vus à la dernière minute, qu'il a manoeuvré alors que la règle est que le bateau rattrapant doit, lui, changer de cap, que la collision a pu être évitée. Enfin, plus de peur que de mal.
En début d’après-midi, nous arrivons en vue des îles de Lérins qui sont à peine distantes de 1100m de Cannes où n’irons pas jouer les starlettes. De loin, nous avons le sentiment qu’il y a une multitude de bateaux, mais en nous approchant nous découvrons qu’il y en a effectivement beaucoup mais que, Dieu merci, la place ne manque pas. Nous mouillons entre les îles St Honorat et Ste Marguerite. Effectivement le mouillage est enchanteur dans un cadre naturel préservé de toute urbanisation, les îles sont couvertes de bois de pins et d’eucalyptus qui voisinent avec beaucoup d’autres espèces et de vieux forts.
Le soir, après le départ des nombreux yachts et bateaux à moteur rentrant vers Cannes, nous “déménageons” et mouillons plus près de l’île St Honorat. Demain, nous irons la visiter.
Dernier cadeau du jour : un superbe feu d’artifice tiré sur la côte et que nous avons pu admirer tout à loisir du bateau sans être bousculés par la foule et avec des détonations atténuées par la distance.
Jeudi 13 août : visite de l’île St Honorat.
Cela fait aujourd’hui 5 jours que nous naviguons sans avoir mis pied à terre, nous ne manquons de rien sauf de pain, là nous avons mal évalué les quantités indispensables. Mais nous ne mourrons pas de faim car pour le petit déjeuner Françoise nous fait des crêpes, mélangeant même la pâte à la main puisque dans les bagages il n’y avait plus de place pour un fouet! Elles seront réussies et quasiment sans grumeau .
Nous sommes fiers aussi de notre consommation d’eau potable utilisée pour la cuisine, le café et thé, les vaisselles, les ablutions: 45 litres à nous 2 en 5 jours càd 9 l /jour pour 2. Naviguer nous permet aussi d’agir concrètement dans nos manières de consommer : utilisation réfléchie et rationnelle de l’eau et de l’énergie (5 jours en mer et donc l’énergie à notre disposition pour le frigo, l’éclairage...est celle provenant uniquement de nos batteries lorsque le moteur a tourné pour les recharger.) Pas question de gaspiller!! Cet autre mode de fonctionnement ne nous pèse aucunement, au contraire il nous rend plus responsables et nous fait vivre davantage au rythme de la nature : ainsi nous allons dormir lorsque la nuit tombe. Espérons qu’à notre retour nous n’oublierons pas trop vite ces enseignements!!
Epreuve suivante aujourd’hui : le gonflage de l’annexe et surtout la mise du moteur dans celle- ci! Gonfler ne pose aucune difficulté, la passer par dessus bord non plus mais là où cela se corse, c’est pour la mise en place du moteur. Notre moussaillon ne se sent pas du tout à l’aise dans ce zodiac très mouvant mais pour aller à terre il est indispensable, y tenir en équilibre lui semble tenir de l’exploit ,aussi après bien des efforts, des craintes de voir le moteur valser à l’eau et beaucoup d’encouragements patients ( et pressants?) de Michel, le moteur est enfin sur le tableau arrière et ouf, nous pouvons partir vers l’île St Honorat. Mais c’est sûr, le moussaillon peut mieux faire!!!
St Honorat est le domaine classé et privé d’un des plus anciens monastères du monde chrétien (4ème siècle): l’abbaye de Lérins. Il y règne un calme étonnant car il n’y a aucune circulation et les moines vivant dans le silence demandent que celui-ci soit respecté. Le clocher de l’abbatiale domine les pins et eucalyptus qui recouvrent une grande partie de l’île, le reste étant couvert par des vignobles qui procurent aux moines leurs revenus (en effet ils doivent vivre du travail de leurs mains et ici de la culture à la vinification en passant par les vendanges, ce sont les moines seuls qui assurent la production). En lisière du rivage se dresse le gros donjon carré et fortifié de l’ancienne abbaye (10ème siècle). Malgré la chaleur, nous visitons cet havre de paix et y passons quasiment la journée.
De retour au bateau, nous enlevons le moteur de l’annexe (opération plus facile à réaliser que son placement!!!) car demain nous partons pour revenir en douceur.
Vendredi 14 août : La visite du capitaine croissant.
Durant les vacances nous rencontrons souvent des marchands ambulants (glaces sur la plage...), dans les mouillages, ce sont de petites embarcations qui circulent pour proposer à la vente ces délicieux produits ( avec souvent peu de succès apparent ) mais ce vendredi matin c’est un bateau proposant baguettes, croissants, pain frais, fruits...qui vient nous tenter. L’approvisionnement en pain étant notre problème, nous ne résistons pas. De plus toutes ces marchandises sont joliment présentées et le sourire du capitaine et de sa moussaillonne nous ravissent. Nous ne résistons d’ailleurs pas à l'envie de les photographier : eux aussi sont à croquer!
Après un excellent petit-déjeuner, nous levons l’ancre et partons direction l’anse de la Cavalière : journée magique de naviguation à la voile, poussée et bercés par le vent, le clapotis de l’eau, la beauté des paysages côtiers, survolés par la patrouille de France qui lâche des panaches de fumée aux abords de la plage de Pampelonne... après 10h de naviguation, nous revenons sous les fenêtres de Carla.
Samedi 15 août : journée magique.
C’est incroyable comme la vie en mer fatigue!! Toutes les nuits, nous dormons comme des bébés (entre 9 et 10 h de sommeil), c’est le soleil seul qui nous éveille car apparemment ici les cigales sont aussi en vacances.
Ce matin, nous partons explorer le Cap Nègre et sa plage couverte d’un sable bordeaux zébré de sable blanc. Une multitude de petits galets verts, blancs, rosés bordent celle-ci. Le sable est très doux aux pieds. C’est apparemment une plage peu fréquentée où nous voyons beaucoup de familles avec des enfants. Pour éviter les problèmes de manipulation du moteur, c’est en pagayant que nous la gagnons. Nouvel exercice donc. Après quelques courses, retour au bateau où nous découvrons que de nouveau la gendarmerie nationale veille dans sa vedette. Pique- nique et repos à l’ombre avant de retourner vers la plage pour nous baigner : l’eau est à 24,5°!!! C’est un vrai bonheur que d’entrer dans cette eau claire dans laquelle dansent et brillent des milliers de petits points de mica provenant des roches granitiques. Nous avons la sensation de voir des milliers de paillettes d’or en suspension dans l’eau. Magique!!
Après plusieurs baignades, retour à la pagaye au bateau, douche et puis souper bien mérité!!
Juste avant de nous coucher, dernier cadeau de la journée : un nouveau feu d’artifice!! Celui-ci est probablement tiré du Lavandou, il est aussi très beau et franchement nous sommes gâtés : 2 feux d’artifice en 3 jours et avec le décalage du son...Et c’est sous un magnifique ciel constellé d’étoiles que nous nous endormons .
Dimanche 16 août : retour à Porquerolles.
Ce matin, nous pagayons à nouveau vers la plage de Cavalière (un des quartiers du Lavandou), achat de pains et puis retour au bateau et lever d’ancre : direction la baie de la Courtade à Porquerolles.
Naviguation reposante, agréable et dès 16h nous y mouillons. Comme la 1ère fois, c’est le chant stridulent des cigales qui nous accueille dès que nous approchons, l’endroit est toujours aussi beau et nous ne nous lassons pas d’en emplir nos yeux.
Plongeon pour Michel, lecture pour moi (je ne “nage “que là où j’ai pied), préparation du repas, contemplation du coucher de soleil et dodo.
Lundi 17 août : une enième visite de l’île.
Après le petit-déjeuner, en pagayant, direction la plage pour accéder au village et aller admirer le fort de Ste Agathe qui le domine. Jolie balade qui vaut le coup pour toutes les vues splendides qu’elle nous offre même si arrivés à midi, le fort est fermé pour les visites et ensuite pour la sacro-sainte sieste.
Retour au bateau, dîner et puis redirection la plage pour se baigner, nostalgie aussi car nous savons que nous vivons nos dernières heures de vacances qui auront été magiques, pleines d’enseignement aussi pour nos projets futurs.
Une dernière soirée à contempler le soleil couchant, et puis c’est décidé demain lever tôt pour aller mouiller une dernière fois dans la baie du Langoustier et y passer la matinée avant de regagner Toulon où nous laisserons le bateau à quai jusqu’en octobre. A cette période, nous reviendrons naviguer quelque temps en Méditérranée avant de conduire Manéa à Martigues pour qu’il y soit tiré au sec et puis vendu.
Mardi 18 août : retour à Toulon.
Levés tôt, mouillage relevé sans problème, nous partons vers la baie du Langoustier.
Direction la plage, exploration de ce très joli coin, récolte de galets, découverte d’une plage au sable blanc et juste derrière une de sable noir, baignades et puis lever de l’ancre pour regagner Toulon où nous attendent des tâches moins gaies mais nécessaires avant de rentrer en Belgique: ranger et nettoyer le bateau.
C’est ici que se termine le 1er épisode des aventures de Manéa...Nous espérons que nous avons pu vous faire partager un peu le bonheur que nous avons vécu durant ces 7 semaines.
Suite au prochain numéro, en octobre.... si cela vous dit!