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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 17:31

 

Gran Canaria : notre 3ème escale aux Canaries


Le vendredi 27 janvier à 4h, branle-bas de combat sur Manéa. Il fait encore nuit noire mais nous sommes déjà debout pour lever l’ancre et mettre le cap sur Gran Canaria. Nous devons parcourir +ou- 57M et nous voulons arriver de jour et comme nous ne connaissons pas d’avance la vitesse que nous ferons nous préférons prendre nos précautions. Un peu de stress pour récupérer l’orin et l’ancre dans l’obscurité mais tout se passe bien et nous quittons le mouillage de Morro Jabble au sud de Fuerteventura vers 5h comme prévu.

Le vent est de NE, entre 18 et 20 Nds, la houle entre 1m et 1,5m, mais protégés par la côte, pour l’instant, le vent est faible et nous naviguons au moteur. A bout d’une petite heure, nous pouvons envoyer le génois, seul, car c’est du portant qui est annoncé.

Nous naviguons donc grand largue, navigation agréable. Nos copains bretons de Tavéac sont partis en même temps que nous et nous faisons route parallèle. Nos vitesses sont quasi identiques, Dès le lever du jour, le vent tombe un peu et Michel envoie la grand-voile, d’abord avec un ris, puis le largue car le vent a encore molli (environ 12nds). Par précaution, lorsque nous naviguons de nuit, nous préférons être sous-toilés que surtoilés, le bateau étant alors plus facile à maîtriser si le vent monte. Alors que Fuerteventura est encore visible, l’île de Gran Canaria se dessine déjà. Comme à chaque traversée, la magie opère et nous contemplons l’océan, y cherchons tous les signes de vie quand tout à coup, un banc de marsouins (petits dauphins) surgit à l’étrave de Manéa, pirouette, cabriole et semble réagir à nos encouragements émerveillés. Nous nous sentons en harmonie profonde avec la nature. Sensations difficilement descriptibles.

Sans raison apparente (même vent, même route, même surface de toile) nous devançons Tavéac et mouillons 25 minutes avant eux dans la baie de Las Palmas, devant les ports de commerce et de plaisance.DSC03194

Las Palmas est une grande ville de + ou – 400.000 habitants mais c’est d’abord un grand port, le 5ème d’Espagne, au carrefour de 3 continents : Europe, Afrique et Amérique. Les Canaries jouissent d’un statut de port franc et donc détaxés dans beaucoup de domaines (par ex : taux de TVA ici 5% , en Espagne : 18% ; peu d’accises : un paquet de Marlboro coûte ici 2,4€ alors qu’en Espagne continentale, il coûte plus de 5€ , un litre d’essence coûte +ou- 1euro alors que sur le continent c’est 1,5 euro ) Pourtant, ici aussi nous sommes en Espagne, il y a donc 2 sortes de citoyens espagnols…

A notre arrivée nous avons donc slalomé entre cargos, remorqueurs, HLM flottants (bateaux de croisière) et c’est assez impressionnant : sensation de petitesse et plaisir aussi car nous sommes dans un vrai port, nous y sentons la vie. Jour et nuit on y travaille à charger, décharger….

Las Palmas de Gran Canaria est une ville calme ni vraiment canarienne ni tout à fait espagnole et déjà presque sud-américaine (ainsi ici on ne dit pas autobus mais guagua) qui s’étire dans la partie étroite d’un isthme. Ici vivent plus de 400.000 personnes et excepté le flot des voitures à certaines heures, il est difficile de s’en rendre compte. C’est indiscutablement la capitale de l’archipel même si de vieilles rivalités l’obligent à partager ce titre avec Santa Cruz de Tenerife. 

C’est une ville aux visages multiples et nous l’avons maintes et maintes fois sillonnée à pieds. Son cœur ancien est constitué de deux barrios ou quartiers : Vegueta et Triana, où il est très agréable de flâner en admirant les maisons à  balcons de bois, patios fleuris, lourdes portes en bois verni. Une des plus belles est la « casa de Colon » : construite autour de deux patios avec balcons, fontaines, palmiers et perroquets. L’extérieur est à lui seul une œuvre d’art associant des motifs plateresques exubérants à des balcons traditionnels à balustrades. Quant à l’intérieur, il est superbe et dans les différentes pièces à plafond à caissons sont retracés les quatre voyages de Colomb de 1492 à 1504. De quoi nous faire rêver…

DSC03324Las Palmas restera pour nous une escale riche en rencontres de tous types.

C’est d’ici que partent beaucoup de voiliers pour traverser l’Atlantique et il y a donc de nombreux corps de métiers compétents présents sur le port et en ville. De plus, les prix pratiqués y sont concurrentiels par rapport au continent. Cela tombe bien car le capitaine est bien décidé à en finir avec les problèmes récurrents de l’enrouleur de génois. Contacts pris avec les gréeurs, le travail se réalise en toute confiance.

Cherchant des leds pour le carré dans un ship (= magasin) sur le port, nous faisons la connaissance d’un client du magasin qui se permet de nous dire qu’il peut nous filer un tuyau à ce propos. Dès la sortie, il nous amène sur le bateau de Marc et Lisbeth qui ont ouvert un commerce de leds à des prix défiant, eux, toute concurrence. Cela se passe dans la confiance et la simplicité, les leds peuvent être essayés avant l’achat et Lisbeth ira même jusqu’à renvoyer en Allemagne ceux que Michel avait acheté en Belgique via internet et qui ne conviennent pas pour les plafonniers de Manéa car ils sont à un contact et non à deux comme nécessaire. Geste désintéressé.

Nous rencontrons aussi Martha, présidente de l’association « les Correos de la Mar » qui recherche des voiliers afin d’expédier vêtements, semences, matériel scolaire…vers des associations, organisations non gouvernementales au Sénégal, Cap Vert et Brésil. Nous ne travaillons plus mais nous ne pouvons rester insensibles à sa demande et c’est évidemment le transport de matériel scolaire qui nous plairait le plus. On ne se refait pas. Etre des courriers de la mer nous permettra aussi de rencontrer les populations locales et c’est un des buts de notre croisière.  Grâce à elle, nous réaliserons donc plus facilement ces rencontres. Plus de 150 voiliers ont ainsi déjà transporté des colis vers ces pays. Les Correos de la Mar commençant à être connus, elle reçoit de plus en plus de vêtements, matériel scolaire, mais aussi de quoi alimenter une brocante. Elle profite d’ailleurs du grand rassemblement des bateaux à Las Palmas pour le départ de l’ARC ( Atlantic Rally for Cruisers)  pour organiser sur le port un marché aux puces. Elle a aussi besoin d’aide pour trier et organiser par sexe et groupes d’âge les vêtements reçus. Nous avons donc consacré un samedi à l’aider à cette activité de fripier. Si certains vêtements sont nickels, d’autres sont trop abîmés ou même sales et elle craint de froisser la susceptibilité des populations : ils ne sont pas nos poubelles ! Le tri est donc impitoyable, tout ce qui ne convient pas, c’est «  fuera ! » Après le travail, c’est la détente autour d’un repas, où Martha, néerlandaise arrivée à l’âge de trois ans aux Canaries, nous raconte sa vie, ses joies, ses peines, ses parents qui se font vieux et dont elle s’occupe car ils ne sont plus autonomes, ses projets ( elle fait restaurer une vieille maison qui lui cause bien du souci) et nous, qui racontons nos vies également, nos projets, nos interrogations, bref on refait le monde jusque 11h du soir, après quoi, elle nous ramène au bateau.

Bien que prévenus ( «  prenez des polars car j’habite dans la montagne, il ne fait pas chaud… ») nous retrouvons Manéa complètement congelés, car la chaleur des rencontres (et Martha sait y faire, je vous assure…) suffit aux cœurs mais pas toujours aux corps…

Nous sommes aussi partis à la découverte de la troisième ’île de l’archipel pour y découvrir des falaises côtières déchiquetées (ouest), des « vegas » (riches terres de culture au nord et nord est) et des « barrancos » ( lits de rivières asséchées au centre) où poussent bananiers et palmiers et aussi des complexes immobiliers hideux (sud)

Nous décidons d’ »explorer » le centre qui est resté « authentique » et où les montagnes nous ont offert des tableaux spectaculaires.

Nous nous sommes d’abord dirigés vers le nord qui concentre l’essentiel du potentiel agricole de l’île sous forme de cultures en terrasses ou celle d’hectares de serres de plastique où poussent tomates, bananiers…Routes sinueuses, nombreux et calmes petits villages et hameaux aux maisons colorées éparpillés dans le centre de l’île et nous voici déjà sur la côte occidentale. La route qui nous mène d’Agaete à La Aldea De San Nicola nous offre un parcours grandiose avec des vues à couper le souffle. Nous longeons de hautes falaises, d’étroits barrancos et une succession de crêtes volcaniques. Comme nous l’a dit Martha, c’est parfois faire beaucoup de route pour aller d’un petit hameau à un autre mais la route en elle-même est un cadeau visuel.DSC03266

Curieux, nous sommes également allés vers le sud abîmé par un chapelet de complexes touristiques au goût douteux et destiné au tourisme balnéaire de masse des adorateurs du soleil. Nous n’y sommes pas restés longtemps…Excepté Puerto Mogan où les ruelles fleuries du centre sont charmantes.

Anne-Marie, nous a aussi rejoint pour une semaine de retrouvailles, d’amitié partagée et comme elle dit de repos car vie « hors du temps ». Avec elle, nous avons à nouveau sillonné essentiellement le centre de l’île au relief accidenté, peu peuplé et peu fréquenté par les touristes. Les jours ont filé à toute allure et nous n’avons pas eu l’occasion de sortir avec elle en voilier. Les mouillages quasi inexistants et peu fiables, le vent costaud ( 2O à 25 Nds en permanence avec la mer qui va avec, bien sûr, et qui rendent la remontée au près pénible…)mais aussi des contraintes d’horaires quant à son  retour (6jours, c’est très court !) ne nous ont pas permis de lui offrir ce plaisir… La prochaine fois, on le fera, promis, juré !

Dans deux jours, nous partons pour Tenerife, quatrième escale aux Canaries. Nous avons bien pris la « température » de cette île, comme des deux premières Lanzarote et Fuerteventura. Chacune a sa propre personnalité, très différente des autres : ne croyez pas les connaître toutes les trois en n’en ayant vu qu’une seule…

A bientôt pour de nouvelles découvertes.

 

Gran Canaria

 

 

 

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  • : Le blog de Manéa.over-blog.com
  • : Préparation et compte-rendu d'une retraite vagabonde autour du monde en voilier.
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Qui sommes-nous?

 

Nous nous appelons Françoise et Michel. Nous sommes belges et pré-retraités de l'enseignement tous les deux.

Nous habitons un petit village de la province de Hainaut, dans les Hauts-Pays pour ceux qui connaissent, tout près de la frontière française.

Après environ 35 ans d'enseignement chacun, nous avons décidé de vivre les quelques prochaines années à découvrir le monde en bateau, manière de vivre assez ascétique et où nous retrouvons les valeurs essentielles.

 

Françoise.

Elle n'avait jamais navigué auparavant. Elle ne nage pas très bien, n'aime pas  être dans l'eau (espérons que cela changera;;;)  mais aime être sur l'eau. Elle est cependant pleine de bonne volonté. 

Avant de me connaître, sa seule expérience du bateau en mer, se résumait à une visite des grottes près de Bonifacio, sur un " promène-couillons "(!) au cours de laquelle, elle fut copieusement malade! C'est vous dire si elle était anxieuse la première fois qu'elle est montée sur Manéa  en juillet 2009.

Mais, miracle, son mal de mer semble n'être qu'un mauvais souvenir.

Elle aime la nature, les voyages, la vie simple, lire, écouter de la musique, réfléchir et discuter sur la condition humaine, (elle était prof de philo!), cuisiner,  ses enfants et son petit-fils. En revanche, -mais elle fait de louables efforts pour s'améliorer- elle n'est pas toujours très ordonnée. Mais, sur le bateau, c'est nettement mieux qu'à terre... Chacun sait que sur un bateau,...Elle aime la solitude et la contemplation mais apprécie aussi d'être entourée par famille et amis.

Elle est affligée d'une difficulté chronique à reconnaître sa droite de sa gauche mais ça n'influe pas (enfin pas trop! ) sur son aptitude à barrer.

Elle apprend vite mais, -est-ce un manque de confiance en soi?-, elle a tendance à paniquer dans l'urgence et de ce fait, certaines manoeuvres n'ont pas toujours la fluidité qu'elles devraient avoir. Mais sans doute, suis-je un peu responsable là, moi aussi : assez pédagogue? ( gênant pour un ancien prof...)

Michel.

J'ai fait mes premières armes sur caravelle et puis vaurien en 1970 sur l'île de Batz en Bretagne. Mais, tout petit déjà, j'ai toujours été attiré par la mer et les bateaux. Pour ceux qui se souviennent, je pense que ce sont " les aventures du Capitaine Troy ", feuilleton télévisé des années soixante, qui m'ont donné le virus. Oui, j'entends encore le doux bruit de sa goélette, naviguant dans les mers du sud...

Cette première expérience fut complétée par quelques autres sur dériveur mais le véritable départ fut en 1977, quand j'effectuai un stage de croisière à Saint-Malo. Deuxième révélation : la vie en croisière me remplit d'aise : vivre, manger, dormir à bord, manoeuvrer,  faire la navigation, c'est tout ce que j'aime. J'ai su à cet instant, que je ne pourrais jamais plus me passer durablement de naviguer.

L'année suivante, location d'un  Flush Poker, toujours à Saint-Malo puis en 79, un embarquement pour la Corse. Expérience mitigée, car le patron est un peu " juste ", notamment dans la manoeuvre de son bateau et dans ses relations avec l'équipage : quelques équipiers débarqueront et nous  nous retrouverons seuls avec lui. Je devrai assumer, bien malgré moi, le rôle de skipper. Tout se passera bien cependant et nous rentrerons à Antibes sains et saufs! Est-ce cette première expérience d'embarquement qui a fait que je n'ai plus eu que des bateaux à moi par après? Peut-être, mais cela ne m'a pas empêché de prendre des équipiers à bord ensuite, et ça s'est toujours bien passé.

Recherche

Mes bateaux.

1986 : un corsaire complètement pourri baptisé " Boaf " et un laser pour rigoler dans les thermiques  du golfe de Valencia (5 à 6  chaque après-midi) 

1988 : kelt 620 " Hiva oa"

1991 : first 30 : Manéa  premier du nom.

1994 : kelt 9m : Manéa toujours. (Vendu en 98, non remplacé alors)

2009 : attalia 32 : Manéa. (vendu en août 2010)

2010 ; centurion 42 : Manéa.

Archives

Manéa

Centurion 42 N° 32 du chantier Wauquier de 1988.

Acheté par un osthéopathe anversois, il semble l'avoir doté de toutes les options possibles et imaginables : trinquette sur enrouleur, génois maxi, génois lourd, chaussette à spi, spi, chauffage, frigoboat, hélice maxprop, pilote automatique, j'en oublie...

Vendu en 2005 à un Français originaire du Doubs, il n'a que peu navigué : le moteur ne totalise que 1472h. Ce dernier n'a malheureusement pas pu réaliser ce pourquoi il l'avait acheté : faire la même chose que nous! Chaque fois que nous le rencontrons, nous mesurons combien sa déception est grande...

Manéa  correspond à nos attentes : bon marcheur ( 108m2 au près), facile à manoeuvrer (accastillage bien dimensionné), peu gîtard, tirant d'eau réduit, et beaucoup d'espace et de rangements. Et en plus, il est beau. Et je vous assure que je ne suis pas le seul à le dire.DSC01504

Nous avons ajouté à son équipement un deuxième pilote, refait l'électronique entièrement, installé l'informatique, un portique, des panneaux solaires, un taud récupérateur d'eau (www.banik.org) et un bimini.


En voici les caractéristiques générales :

Longueur coque ....................12,86m

Longueur flottaison................ 10,12m

Largeur................................   4,06m

Déplacement........................11000Kgs

Lest plomb.............................4320Kgs

Tirant d’eau..............................1,74m

Tirant d’air................................19m

Grand voile................................36m2

Génois léger...............................72m2

Génois lourd...............................62m2

Spinnaker.................................165m2

Batteries service : 6x105Ah

Batterie moteur : 105Ah

Chargeur : 60A Cristec.

Panneaux solaires : 270W.

Gestionnaire de batterie BEPmarine

Eau : 750L

Gasoil : 260L (plus 80l jerrycans)

 DSC01498

       DSC01500           


Mais pourquoi partir?

Par Françoise

 

Depuis toujours l’un et l’autre, nous avons «  la bougeotte » et l’envie de voyager a toujours été présente en chacun de nous, même si parfois elle a été occultée par des tas d’autres « priorités ».

Pour ma part, j’ai toujours su qu’une fois  à la retraite,  je partirais à la découverte  du monde et des autres mais je n’avais jamais imaginé que cela se réaliserait en bateau, moi qui n’aime pas vraiment l’eau (du moins être dedans, sur elle, je me sens en totale confiance et cela est certainement dû à la grande prudence du capitaine !). Quant à Michel, il n’est vraiment lui-même que sur l’eau et il espérait ce retour depuis de nombreuses années.

Partir, mais pourquoi partons-nous ? Quelles sont nos motivations ?

Elles sont multiples :

Partir pour partager et tenter de vivre ensemble un rêve, celui de Michel dans lequel il m’a offert d’entrer si généreusement et qui est devenu celui de notre couple.

Partir en sachant prendre le temps, moi qui ai eu la sensation d’être un robot pendant des années : tout était programmé dans mes journées, aucun temps mort !

Partir pour aller à la rencontre de nous-mêmes, de l’autre, des autres.

Partir pour voir le monde, en prendre plein les yeux et tenter de vivre au rythme de la nature.

Partir pour rencontrer d’autres cultures, essayer de les comprendre en nous laissant interpeller par elles. 

Partir et essayer de vivre sans tomber dans les pièges de notre société de consommation : savoir retrouver l’essentiel qui est bien plus dans l’être que dans l’avoir et donc tenter de vivre la concrétisation du contenu de mes cours.

Partir parce que nous n’avons qu’une vie….

Partir pour essayer de changer notre vie, notre vision des choses grâce à toutes nos futures rencontres….

Partir en quête de rencontres humaines vraies avec l’envie de retrouver l’authentique.

Partir parce que nous avons envie de faire partie de la tribu de ceux qui vivent leurs rêves plutôt que de celle de ceux qui rêvent leur vie.

Nous avons choisi de partir et choisir c’est renoncer : nous renonçons effectivement à une série de choses qui font souvent le sel de la vie pour beaucoup d’autres : ne pas voir grandir semaine après semaine nos petits-enfants, vivre après coup et à distance des événements importants : une grossesse, une naissance, un projet de mariage, des fêtes de famille : Noël…être présent au quotidien auprès de nos parents qui vieillissent mais bon, si nous ne le faisons pas maintenant alors que nous sommes encore en bonne santé, quand le ferons-nous ? Nous sommes en effet la génération « sandwich » coincée entre nos parents, nos enfants et petits-enfants et puis, pour ma part durant plus de 30 ans, j’ai tout consacré et donné à mes enfants : temps, argent…Il est donc juste maintenant de penser à moi, à nous, même si certain(e)s peuvent trouver cela égoïste. Nous sommes conscients de ces renoncements et ils sont le « côté plus sombre » du défi que nous nous sommes fixé, largement compensés par les nombreuses découvertes et rencontres que nous ferons dans notre vie de bourlingueurs.

Nous vidons la maison pour la mettre en location et cela aussi, ce n'est pas toujours facile : se retrouver face à ses souvenirs,  les trier,  penser que certains auxquels on tient particulièrement, plairont aux enfants et puis  non, ils n’en ont rien à faire. Enfin, l’avantage sera pour eux de n’avoir quasi plus rien à vider lorsque nous serons disparus. … Et puis, nous ne vous embêterons pas en parlant de l’administration de notre pays, des heures passées au téléphone,  sachez simplement que dans tous les domaines elle est à la hauteur de sa réputation et que,si certains fonctionnaires ne sont pas capables de sortir du cadre, nous en avons quand même rencontré quelques sympas…Ouf…

Mais où et par où partir ?

Nous ne sommes pas de grands originaux et donc aux alentours du 20 septembre, après la mise à l’eau de Manéa notre route sera classique : aux saisons les plus propices, nous tenterons de suivre  les alizés (nous sommes un peu frileux et aimons la chaleur) mais pour cela nous devrons d’abord sortir de la Méditerranée  par Gibraltar (donc d’ Hyères cap sur les Baléares et puis Gibraltar) et puis à nous l’Atlantique !!! Première grande escale de notre vie de bourlingueurs : Madère, et puis peut-être la découverte de L’Afrique du Nord par le Maroc mais ce qui est certain c’est que tout cet hiver nous naviguerons dans l’archipel des Canaries et que nous n’aurons sans doute pas trop de temps pour en découvrir les sept îles. Ensuite retour au pays pour quelques mois après avoir mis Manéa au sec….

En septembre 2012 retour vers les Canaries pour retrouver notre complice et descendre la côte africaine pour visiter le Sénégal et surtout la Casamance que l’on dit si belle, si authentique encore…Le Cap Vert ( ?) et puis, LA TRAVERSEE !!! fin 2012, début 2O13…et cap sur le Brésil, pays immense dont nous rêvons depuis si longtemps. Ensuite le Vénézuela avec les îles des San Blas, des Testigos et le Costa Rica pays où l’armée a été supprimée et où la majorité des budgets est consacrée en priorité  à l’éducation, la santé et à la préservation de la nature : le pays tout entier est en effet une immense réserve naturelle…Ce petit pays d’Amérique Centrale  devrait servir d’exemple à bien d’autres pays du monde.

Et puis  petites et grandes Antilles …Tant d’îles aux noms mythiques : Grenadines, Martinique… 

Tout cela est promesse de dépaysement, quelques années se seront écoulées et nous serons toujours dans l’Atlantique. Et ensuite me direz-vous ? Oserons-nous rejoindre le Pacifique pour atteindre les îles aux noms enchanteurs et prometteurs : les Marquises, l’archipel des Tuamotu, la Polynésie…..Mais ne faisons pas trop de pronostics, tous les marins vous diront que cela attire le mauvais œil…