L’Archipel de Madère.
Cet archipel appartient au Portugal et est composé de 3 grands ensembles d’îles:
Il Ilhas Selvagens
Constituées par 2 groupes d’îles: Selvagem Grande (la plus grande comme son nom l’indique: 2,5 km2) et Selvagem Pequena.
Ilhas Selvagens se situent à 155M au sud de Madeira sur la route des Canaries
Il Ilhas Desertas
A 10M au sud-est de Madeira, ces 3 îles, Ilha Deserta Grande, Ilhéu Bugio et Ilhéu Chao sont très petites.
Nous n’irons pas visiter ces îles, non parce qu’il n’y a personne mais parce que ces deux ensembles sont en fait des réserves naturelles, interdites d’accès sans autorisation. Un ou deux gardiens de phare sur Selvagens en sont les seuls occupants.
Il Ilha de Madeira ou Madeira Grande
Cette île principale de l’archipel mesure 57km de long sur 22 de large, pour une superficie de 741 km2. Son point culminant est le Pico Ruivo de Santana à 1860m
E Ilha Porto Santo où nous avons séjourné du 17/10 au 21/10/2011.
A 25M au nord-est de Madeira, Porto Santo n’est pas bien grande. Elle mesure 11km de long sur 6 de large avec une superficie de 41km2.
L’unique ville est Porto Santo (si l’on se réfère aux cartes, elle se nomme en fait Vila Baleira).
L La caractéristique de cette île est son immense plage de sable blanc (7km de long), seule plage digne de ce nom sur tout l’archipel puisque celui-ci est d’origine volcanique . Nous sommes amarrés au ponton sur catway. Les catway, pontons flottant sur l’eau permettent de s’amarrer sans tenir compte de la marée. Seuls les ports de l’Atlantique en sont donc équipés. La manoeuvre d’accostage y est donc bien plus aisée qu’avec les pendilles qu’il faut attraper et tirer à l’autre bout du bateau avant de foncer sur le quai.
Après nous être reposés, fait les formalités douanières et d’admission au port, nous partons à la découverte de la petite ville de Porto Santo. Elle se trouve à 20 à 25 minutes de marche du port, la route longe l’océan et nous permet de découvrir la conduite plus que sportive des portugais, police y compris.
Les petits espaces verts, les jolies places et la charmante église font de Porto Santo un petit havre de paix.
Scoop : nous pensons avoir découvert la banque où le Vatican semble planquer son argent!! N’étant sans doute pas en odeur de sainteté, nous n’avons pas pu y effectuer de retrait. Cherchez bien parmi les photos de Porto Santo...
Et au port quoi de neuf?
La majorité des équipages est francophone ou nordique, la langue n’est pas une barrière. Tout le monde discute sur les pontons, se rend service, échange des infos météo, prête main forte à l’arrivée d’un nouveau.
Nous rencontrons enfin d’autres “gens du voyage”. Solidarité et complicité se ressentent, nous savourons la simplicité de ces contacts.
Le capitaine s’occupe de démonter le verrin de son pilote, Pierre qui est à la fête car il peut “tatcher” à son aise rencontre un mécano au travail sur un autre bateau et celui-ci prête gentiment à Michel l’outil nécessaire, propose son atelier....
Dans ce port, il y a une particularité: chaque bateau qui y a fait escale laisse la trace de son passage en peignant un dessin et surtout en inscrivant le nom de l’embarcation et l’année de l’escale.
Une fresque géante décore ainsi le mur de la digue et commence même à orner la rampe d’escalier, certains n’hésitent pas à prendre beaucoup de place.
Malgré des dons artistiques, en matière de peinture, tout à fait inexistants sur Manéa, nous ne pourrons pas nous soustraire à la coutume, alors grande réflexion dans le carré et le cockpit: inventaire des couleurs à notre disposition...Alors...on a un peu de bleu anti-fouling à notre disposition, une bombe de blanc et ...rien d’autre. Pas terrible, mais faudra faire avec! Quant aux pinceaux, le plus fin fait ½ cmde large, alors pour l’écriture faudra pas être trop exigeant. Après avoir consulté son équipage, le capitaine réalise son oeuvre pendant que la moussaillonne tient en mains la palette ( le mousse est au service du capitaine non?). Qu’en pensez-vous?
Lorsque nous avons fait notre premier avitaillement nous avons découvert que le portugais ce n’est pas facile. Ses consonances nous font plutôt penser à une langue slave et excepté “bom dia”’bonjour), “bom tarde” (bon après-midi), “obrigado ou obrigada”(merci) nous ne reconnaissons pas beaucoup de mots. Heureusement pour nous, beaucoup parlent le français qui est souvent la 2ème langue apprise à l’école.
Et cette visite de l’île?
Comme nous sommes peut-être fainéants et que l’île est toute petite, nous prenons le bus touristique en faisant le tour en 2 heures. Je rappelle que Porto Santo mesure 11km sur 6, ça devrait donc aller!
Et puis, le soir, histoire de me bercer ou de me jouer la sérénade, le capitaine joue de la guitare.
Et vendredi 21, nous mettons le cap sur Madeira où il est impossible de mouiller car les fonds y sont très profonds. Nous irons donc à la marina “Quinta do Lorde” pour notre séjour. C’est une nouvelle marina construite entre autres avec les fonds européens, elle est opérationnelle, le personnel y est super gentil mais la wi-fi y est très capricieuse. La particularité de cette marina c’est qu’en arrivant on croit arriver dans un petit hameau. Et bien, c’est une erreur car ils construisent depuis 6 ans, les bâtiments semblent terminés, il y a même déjà une église et des espaces verts mais rien n’est habité. Qu’attendent-ils? Mystère...Même pas de panneaux “A vendre”
Il Ilha de Madeira.
Avant de commencer la visite, voici quelques informations d’ordre général glanées ça et là dans les guides :
Politique : Madère est une région autonome rattachée au Portugal. Depuis 1978, le même président est élu à plus de 90% des voix, ses détracteurs l’apparente donc à une dictature toute démocratie gardée.
Depuis quelques années, les problèmes de pauvreté ont laissé place à des problèmes de “pays riches” (pollution, grand réseau routier ne s’intégrant pas forcément dans le paysage...Ainsi l’île a été dotée d’un réseau autoroutier ultra rapide qui a transformé son sous-sol en gruyère et qui nous semble être disproportionné par rapport à l’économie du pays) et cela en grande partie grâce aux aides européennes. Sur beaucoup de projets un peu pharaoniques figurent la mention bien connue chez nous: “co-financé par l’Europe.
Météo : de latitude subtropicale, Madère jouit d’un climat tempéré de type océanique. Mais l’archipel bénéficie aussi de l’influence des Alizés (vents réguliers du N et du N-E) chargés d’humidité. Le contraste est donc bien marqué entre les 2 côtes (3 à 4° d’écart).
En fonction de l’altitude, on observe 3 zones climatiques sur l’île:
u un climat subtropical en dessous de 300m
u un climat méditerranéen entre 300 et 750m
u une zone tempérée à tendance froide au-delà.
Il fait donc presque toujours beau sur la côte sud mais la côte nord est souvent dans les nuages et les pluies y sont fréquentes. L’intérieur est, lui, souvent plongé dans la brume.
Principales ressources :
L’agriculture occupe une faible part dans la production de l’île. La banane a pris le relais de la canne à sucre autrefois plantée massivement (mais encore plantée aujourd’hui pour le rhum), connaît un ralentissement suite à la baisse des cours. C’est donc ici que nous goûterons notre premier ponch préparé de main de maître dans un bistrot “typique” où nous étions les attractions...Non, non, le capitaine n’y a pas succombé, il reste toujours fidèle à l’eau.
L’île produit également des fruits et notamment des fruits tropicaux (mangues, goyaves, fruits de la passion (= fruit de la passiflore), cyphomandre bétacé ou tomate inglès, ananas-banane qui est le fruit du philodendron) mais par tradition ceux-ci étaient destinés aux familles aisées et donc maintenant ils sont surtout destinés aux hôtels, restos ou vendus aux touristes . La plupart des gens se “contentent” des différentes variétés de bananes (plantain, de Madère ou même pour diabétiques car moins sucrée) et les ayant goûtées à la suite les unes des autres nous pouvons vous assurer que l’on sent bien les différentes saveurs et aussi des pommes, cerises, raisins,prunes, poires, oranges, clémentines, citrons.... Il y a peu de viande car toutes les cultures se font en terrasses et donc il est très difficile d’y élever un troupeau. Nous croiserons bien quelques vaches sur les plateaux, mais un “campones” n’en possède qu’une, rarement deux.
Cette agriculture produit beaucoup de légumes (choux, carottes, salade, igname, patate douce...) d’un rendement maximum grâce à la richesse du sol (c’est une île volcanique) et à l’utilisation des engrais.
N’oublions évidemment pas la vigne qui produit le célèbre vin de Madère que nous avons coutume d’utiliser dans nos sauces et qui est pourtant bon à boire seul. N’avez-vous jamais mangé de langue sauce Madère?
La campagne nourrit tous ses habitants (chacun cultive sa ou ses terrasses) et plus du tiers des madériens entassés dans la capitale Funchal.
La pêche restée tout à fait traditionnelle apporte sa petite part: nous y avons ainsi fait une cure de poissons délicieux et peu chers, entre autres le délicieux “espada” (= poisson épée) ressemblant à une longue anguille noire.
L’industrie est peu développée..
Le tourisme : l’avenir de Madère est intimement liés au tourisme dont la part dans l’économie locale est très importante.
Le tourisme de cure du 18ème siècle a fait place à un tourisme de grand luxe. Durant notre visite, nous pourrons en effet constater la présence de nombreux et très luxueux hôtels dénués de tout caractère d’authenticité.
IL y a de nombreux édifices publics ultra modernes ainsi que quantité de terrains de football qui feraient pâlir d’envie certains footballeurs belges connus (Arnaud, François, David,...) mais n’oublions pas que le célèbre Ronaldo est originaire de Madère!
Tout ceci est financé par l’Union Européenne, mais lorsque l’on apprend que 11% du budget national du Portugal relève des fonds européens, on comprend mieux. (?)
Quant à la flore, grande richesse de cette “île aux fleurs”, elle est en effet très importante et se développe sans soin, à l’état sauvage. Nous vous avons concocté un petit album rien que pour cela. Le long des routes, les hortensias, les oiseaux de paradis, les aloès et les agapanthes “pulullent” tandis que bougainvillées, fuschias, hibiscus...les dominent. Malgré la période tardive, Madère mérite toujours son nom d’île aux fleurs. Au printemps l’explosion de couleurs doit être magique!
En conclusion, nous dirons que l’île est difficile à décrire tant le paysage y est diversifié et grandiose : tantôt brut et minéral, tantôt luxuriant par la débauche de végétation, fleurs et eau.
Au menu de notre semaine de découverte à pieds, en bus ou en voiture de location : d’abord des randonnées le long des falaises plongeant à pic dans l’océan et d’autres le long des “levadas” (= canaux d’irrigation qui partent du nord de l’île arrosé abondamment par les pluies, parcourent de nombreux kms pour rejoindre et irriguer les terrasses et plantations du sud plus ensoleillé) et puis celles dans la forêt primaire et laurifère.
Ensuite, nous sommes partis à la découverte de villages nichés au creux des vallées et bordés par des côtes déchiquetées avec parfois des plages minuscules mais toutes avec du sable couleur “charbon”.
Nous avons dégusté des poissons inconnus mais exquis ( espada ou poisson épée) et des fruits tropicaux. Ne sommes –nous pas des touristes?
Enfin, nous avons terminé par la capitale, Funchal, calme comme une petite ville de province.
Mais par-dessus tout ce qui nous a séduit c’est la gentillesse de ses habitants toujours prêts à vous aider et heureux de pouvoir parler en français. Beaucoup d’hommes madériens quittent l’île pour aller travailler sur le continent européen où comme nous l’a dit un “campones” rencontré lors d’une rando: on gagne mieux sa vie...
Malgré ce programme touristique chargé, le capitaine a trouvé le temps de contacter un technicien de la firme Raymarine et j’ai donc la grande joie de vous annoncer que l’anémomètre est réparé (en fait remplacé car cassé net, encore sous garantie donc ouf...) ainsi que le moteur du pilote. Nous espérons donc ne plus avoir à barrer autant lors de notre prochaine traversée.
Vous l’aurez compris, nous ne chômons pas, et oui, Madère vaut bien le détour de cette longue escale où nous en prenons plein les yeux et plein les mollets avec le soleil en prime.
Samedi dernier (le 29/10) Pierre qui nous avait accompagné jusqu’ici a repris l’avion vers Bruxelles. En attendant que la dépression passe et nous permette de partir, nous continuons à découvrir l’île et à créer des liens avec les autres bateaux copains, à profiter de la wi-fi beaucoup moins capricieuse pour envoyer nos mails et téléphoner via skype à nos proches et ami(e)s.
Et puis samedi, nous mettrons le cap sur l’Afrique et plus particulièrement le Maroc à Agadir d’où nous rayonnerons quelque temps.
A bientôt donc.
PS: nous avons créé des albums sur Picasa
A bientôt donc car la traversée est d’environ 400M.
IMPRESSIONS Madère
Aujourd’hui 26 octobre, location d’une voiture pour découvrir le N de l’île de Madère.
Ile aux contrastes multiples : routes vertigineuses bordées d’agapanthes et d’hortensias dansant au rythme du vent surplombant des falaises battues par les vagues et modernité déplacée de la multitude de tunnels lisses et bétonnés transformant Madère en gruyère, paysages luxuriants avec une palette de verts, montagnes sortant de terre et bande très étroite pour cultiver, habiter, multitude d’habitations individuelles colorées disséminées dans la montagne, terrasses, occupation du moindre espace disponible aménagé depuis des générations par les hommes et aspect minéral de pointe Sao Lourenço, montagnes et roches noires, impression aussi d’humidité , gentillesse des habitants.
Relief tourmenté, volcanique, abrupt, escarpé, l’île est une montagne plongeant à pic dans l’océan qui n’est jamais loin, succession de vallées étroites où chaque versant est recouvert de végétation à profusion : bananiers, cannes à sucre. Paysage qui semble sauvage façonné par l’érosion et la houle de la mer au fil des siècles.
Nature à la fois abrupte et façonnée par l’homme (les terrasses) où la terre volcanique produit de nombreuses cultures : cannes à sucre, bananes, vigne, céréales, fruits exotiques.
Partout, le long des routes, dans les jardins des maisons, c’est un bouquet de couleurs chatoyantes où abondent : hibiscus, aloès, frangipaniers, bougainvillées, agapanthes, hortensias, anthuriums
Pics émergeant de cols embrumés.
Ile est un gruyère de tunnels, projet pharaonique et démesuré dont le coût ne peut à l’évidence être supporté par les insulaires.
Profusion, exubérance…
Madère, encore et toujours...
Nous sommes restés une deuxième semaine à Madère et nous en avons profité pour nous reposer, préparer l’envoi du journal de bord et des photos (mine de rien, ça prend beaucoup de temps...) et ensuite pour découvrir d’autres curiosités ou approfondir la visite de Funchal.
A Caniçal, nous avons visité le musée consacré à la pêche à la baleine qui a été pratiquée sur l’île jusqu’en 1981. Impressionnant !On y présente des os de cachalot ainsi que des infos sur leur vie sous les mers et leur extinction. Le clou de la visite est la projection d’un film vidéo d’une vingtaine de minutes démontrant le courage des anciens chasseurs de cachalot à Caniçal et dans l’est de Madère il y a quelques décennies. On y voit divers personnages du village qui, à côté de leur métier quotidien, excellent dans la dangereuse pêche au cachalot (+ ou -20m). Quand un banc de cétacés était repéré au large par le veilleur, une fusée était tirée et le drapeau blanc hissé. Chacun abandonnait alors sa tâche pour se précipiter au port et unir ses forces, pour une bataille entre l’homme et la nature, dans l’espoir d’arrondir des fins de mois très difficiles. Ce film permet d’apprécier les changements socio-économiques radicaux qui se sont opérés dans l’île en 30 ans et de prendre la mesure du dénuement matériel qui était alors la réalité d’une petite île perdue au milieu de l’océan. La richesse apportée par les cachalots étaient à l’époque inestimable et pas un gramme des mastodontes marins pêchés n’était alors gâché : huile avec graisse et tête, viande, farine avec os et certains étaient gardés pour la sculpture…
C’est en bus que nous sommes retournés à Funchal. A lui seul le trajet vaut le détour tant par la conduite « sportive » du chauffeur que par la variété des paysages revus. Une fois là-bas, nous avons visité l’église du Colegio qui fait face à la cathédrale. Autant celle-ci est sobre, toute de pierres de lave brun rouge et murs d’un blanc immaculé avec un plafond de cèdre patiné qui laisse difficilement voir les scènes décrivant les grandes découvertes qui y gravées, autant l’autre qui est l’église édifiée par les jésuites est riche : dorures, chapelles, reliquaires en bois doré (dont celui du martyre de Sainte Ursule et des 11000 vierges l’accompagnant)…Il faut dire qu’elle a été construite après le retour des grandes découvertes dont celle de l’or et que sans doute un des buts cachés poursuivi lors de sa construction est de démontrer qui a le pouvoir (les jésuites ou l’évêque) et l’argent.
Nous avons aussi observé que les Madériens, comme les Portugais, sont un peuple très croyant et pratiquant : chaque fois que nous sommes entrés dans un édifice religieux, petit ou grand, nous y avons vu des gens agenouillés priant, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Autre particularité aussi pour nous en tout cas : il y a toujours un prêtre présent dans un des confessionnaux et une petite lampe rouge s’allume chaque fois qu’un Madérien tente de racheter son âme. Et elles s’allument souvent. Ainsi dans la cathédrale nous avons vu une maman poussant un buggy et tenant par la main une petite fille de 4 ans, se diriger vers le confessionnal, s’y agenouiller avec ses enfants à quelques mètres d’elle l’attendant calmement, exemple montrant qu’ici la religion est intégrée à la vie. Probablement est-ce ainsi plus par les gestes que la foi se transmet.
Une dernière particularité observée est la manière de séquencer la semaine : chez nous chaque jour a un nom. Ici, seuls samedi et dimanche en ont un, le dimanche est considéré comme le premier jour de la semaine. Les autres jours sont « numérotés » : lundi devient « segunda » mardi « terça », mercredi « quarta », jeudi « quinta », vendredi « sexta ». Cela donne donc lieu parfois à des confusions et la solution est alors d’écrire…
Voilà, demain si la météo se confirme nous mettons le cap sur Agadir au Maroc.
PS : certaines photos de l’album ont été prises du bus….