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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 17:03

 L’Archipel de Madère.

 

 Cet archipel appartient au Portugal et est composé de 3 grands  ensembles d’îles:

Il   Ilhas Selvagens

 Constituées par 2 groupes d’îles: Selvagem Grande (la plus grande comme  son nom l’indique: 2,5 km2) et Selvagem Pequena.

 Ilhas Selvagens se situent à 155M au sud de Madeira sur la route des  Canaries

Il   Ilhas Desertas

 A 10M au sud-est de Madeira, ces 3 îles, Ilha Deserta Grande, Ilhéu  Bugio et Ilhéu Chao sont très petites.

 Nous n’irons pas visiter ces îles, non parce qu’il n’y a personne mais parce  que ces deux ensembles sont en fait des réserves naturelles, interdites  d’accès sans autorisation. Un ou deux gardiens de phare sur Selvagens en  sont les seuls occupants.


Il   Ilha de Madeira ou Madeira Grande

 

 Cette île principale de l’archipel mesure 57km de long sur 22 de large,  pour une superficie de 741 km2. Son point culminant est le Pico Ruivo de Santana à 1860m

 

E   Ilha Porto Santo où nous avons séjourné du 17/10 au 21/10/2011.

 

 A 25M au nord-est de Madeira, Porto Santo n’est pas bien grande. Elle  mesure 11km de long sur 6 de large avec une superficie de 41km2.

 L’unique ville est Porto Santo (si l’on se réfère aux cartes, elle se nomme  en fait Vila Baleira).

L    La caractéristique de cette île est son immense plage de sable blanc  (7km de long), seule plage digne de ce nom sur tout l’archipel puisque  celui-ci est d’origine volcanique . Nous sommes amarrés au ponton sur  catway. Les catway, pontons flottant sur l’eau permettent de s’amarrer  sans tenir compte de la marée. Seuls les ports de l’Atlantique en sont  donc équipés. La manoeuvre d’accostage y est donc bien plus aisée qu’avec  les pendilles qu’il faut attraper et tirer à l’autre bout du bateau avant de  foncer sur le quai.

 Après nous être reposés, fait les formalités  douanières et d’admission au  port, nous partons à la découverte de la petite ville de Porto Santo. Elle  se trouve à 20 à 25 minutes de marche du port, la route longe l’océan et  nous permet de découvrir la conduite plus que sportive des portugais,  police y compris.

 Les petits espaces verts, les jolies places et la charmante église font de  Porto Santo un petit havre de paix.Pierre Madère 058

 Scoop : nous pensons avoir découvert la banque où le Vatican semble  planquer son argent!! N’étant sans doute pas en odeur de sainteté, nous  n’avons pas pu y effectuer de retrait. Cherchez bien parmi les photos de  Porto Santo...

 

 Et au port quoi de neuf?

 La majorité des équipages est francophone ou nordique, la langue n’est  pas une barrière. Tout le monde discute sur les pontons, se rend service,  échange des infos météo, prête main forte à l’arrivée d’un nouveau.

 Nous rencontrons enfin d’autres “gens du voyage”. Solidarité et  complicité se ressentent, nous savourons la simplicité de ces contacts.

 Le capitaine s’occupe de démonter le verrin de son pilote, Pierre qui est à  la fête car il peut “tatcher” à son aise rencontre un mécano au travail sur  un autre bateau et celui-ci prête gentiment à Michel l’outil nécessaire,  propose son atelier....

 Dans ce port, il y a une particularité: chaque bateau qui y a fait escale  laisse la trace de son passage en peignant un dessin et surtout en  inscrivant le nom de l’embarcation et l’année de l’escale.

 Une fresque géante décore ainsi le mur de la digue et commence même à  orner la rampe d’escalier, certains n’hésitent pas à prendre beaucoup de  place.DSC01891

 Malgré des dons artistiques, en matière de peinture, tout à fait  inexistants sur Manéa, nous ne pourrons pas nous soustraire à la  coutume, alors grande réflexion dans le carré et le cockpit: inventaire  des couleurs à notre disposition...Alors...on a un peu de bleu anti-fouling à  notre disposition, une bombe de blanc et ...rien d’autre. Pas terrible, mais  faudra faire avec! Quant aux pinceaux, le plus fin fait ½ cmde large,  alors pour l’écriture faudra pas être trop exigeant. Après avoir consulté  son équipage, le capitaine réalise son oeuvre pendant que la moussaillonne  tient en mains la palette ( le mousse est au service du capitaine non?).  Qu’en pensez-vous? 

 Lorsque nous avons fait notre premier avitaillement nous avons découvert  que le portugais ce n’est pas facile. Ses consonances nous font plutôt  penser à une langue slave et excepté “bom dia”’bonjour), “bom tarde” (bon  après-midi), “obrigado ou obrigada”(merci) nous ne reconnaissons pas  beaucoup de mots. Heureusement pour nous, beaucoup parlent le français  qui est souvent la 2ème langue apprise à l’école.

 

 Et cette visite de l’île?

 Comme nous sommes peut-être fainéants et que l’île est toute petite,  nous prenons le bus touristique en faisant le tour en 2 heures. Je  rappelle que Porto Santo mesure 11km sur 6, ça devrait donc aller!

 

 Et puis, le soir, histoire de me bercer ou de me jouer la sérénade, le  capitaine joue de la guitare. 

 Et vendredi 21, nous mettons le cap sur Madeira où il est impossible de  mouiller car les fonds y sont très profonds. Nous irons donc à la marina  “Quinta do Lorde” pour notre séjour. C’est une nouvelle marina construite  entre autres avec les fonds européens, elle est opérationnelle, le  personnel y est super gentil mais la wi-fi y est très capricieuse. La  particularité de cette marina c’est qu’en arrivant on croit arriver dans un  petit hameau. Et bien, c’est une erreur car ils construisent depuis 6 ans,  les bâtiments semblent terminés, il y a même déjà une église et des  espaces verts mais rien n’est habité. Qu’attendent-ils? Mystère...Même  pas de panneaux “A vendre”

 

 

 

Il  Ilha de Madeira.

 Avant de commencer la visite, voici quelques informations d’ordre général  glanées ça et là dans les guides :

 Politique : Madère est une région autonome rattachée au Portugal. Depuis  1978, le même président est élu à plus de 90%  des voix, ses détracteurs  l’apparente donc à une dictature toute démocratie gardée.

 Depuis quelques années, les problèmes de pauvreté ont laissé place à des  problèmes de “pays riches” (pollution, grand réseau routier ne s’intégrant  pas forcément dans le paysage...Ainsi l’île a été dotée d’un réseau  autoroutier ultra rapide qui a transformé son sous-sol en gruyère et qui  nous semble être disproportionné par rapport à l’économie du pays) et  cela en grande partie grâce aux aides européennes. Sur beaucoup de  projets un peu pharaoniques figurent la mention bien connue chez nous:  “co-financé par l’Europe.

 Météo : de latitude subtropicale, Madère jouit d’un climat tempéré de  type océanique. Mais l’archipel bénéficie aussi de l’influence des Alizés  (vents réguliers du N et du N-E) chargés d’humidité. Le contraste est  donc bien marqué entre les 2 côtes (3 à 4° d’écart).

 En fonction de l’altitude, on observe 3 zones climatiques sur l’île:

u   un climat subtropical en dessous de 300m

u   un climat méditerranéen entre 300 et 750m

u   une zone tempérée à tendance froide au-delà.

 Il fait donc presque toujours beau sur la côte sud mais la côte nord est  souvent dans les nuages et les pluies y sont fréquentes. L’intérieur est,  lui, souvent plongé dans la brume.


 Principales ressources :

 L’agriculture occupe une faible part dans la production de l’île. La banane  a pris le relais de la canne à sucre autrefois plantée massivement (mais  encore plantée aujourd’hui pour le rhum), connaît un ralentissement suite  à la baisse des cours. C’est donc ici que nous goûterons notre premier  ponch préparé de main de maître dans un bistrot “typique” où nous étions  les attractions...Non, non, le capitaine n’y a pas succombé, il reste  toujours fidèle à l’eau.

 L’île produit également des fruits et notamment des fruits tropicaux  (mangues, goyaves, fruits de la passion (= fruit de la passiflore),  cyphomandre bétacé ou tomate inglès, ananas-banane qui est le fruit du  philodendron) mais par tradition ceux-ci étaient destinés aux familles  aisées et donc maintenant ils sont surtout destinés aux hôtels, restos ou  vendus aux touristes . La plupart des gens se “contentent” des  différentes variétés de bananes (plantain, de Madère ou même pour  diabétiques car moins sucrée) et les ayant goûtées à la suite les unes des  autres nous pouvons vous assurer que l’on sent bien les différentes  saveurs et aussi des pommes, cerises, raisins,prunes, poires, oranges,  clémentines, citrons.... Il y a peu de viande car toutes les cultures se  font en terrasses et donc il est très difficile d’y élever un troupeau.  Nous croiserons bien quelques vaches sur les plateaux, mais un  “campones” n’en possède qu’une, rarement deux.

 Cette agriculture produit beaucoup de légumes (choux, carottes, salade,  igname, patate douce...) d’un rendement maximum grâce à la richesse du  sol (c’est une île volcanique) et à l’utilisation des engrais.

 N’oublions évidemment pas la vigne qui produit le célèbre vin de Madère  que nous avons coutume d’utiliser dans nos sauces et qui est pourtant bon  à boire seul. N’avez-vous jamais mangé de langue sauce Madère?

 La campagne nourrit tous ses habitants (chacun cultive sa ou ses  terrasses) et plus du tiers des madériens entassés dans la capitale  Funchal.

 

 La pêche restée tout à fait traditionnelle apporte sa petite part: nous y  avons ainsi fait une cure de poissons délicieux et peu chers, entre autres  le délicieux “espada” (= poisson épée) ressemblant à une longue anguille  noire.

 

 L’industrie est peu développée..

 

 Le tourisme : l’avenir de Madère est intimement liés au tourisme dont la  part dans l’économie locale est très importante.

 Le tourisme de cure du 18ème siècle a fait place à un tourisme de grand  luxe. Durant notre visite, nous pourrons en effet constater la présence  de nombreux et très luxueux hôtels dénués de tout caractère  d’authenticité.

 IL y a de nombreux édifices publics ultra modernes ainsi que quantité de  terrains de football qui feraient pâlir d’envie certains footballeurs belges  connus (Arnaud, François, David,...) mais n’oublions pas que le célèbre  Ronaldo est originaire de Madère!

 Tout ceci est financé par l’Union Européenne, mais lorsque l’on apprend  que 11% du budget national du Portugal relève des fonds européens, on  comprend mieux. (?)

 

 Quant à la flore, grande richesse de cette “île aux fleurs”, elle est en  effet très importante et se développe sans soin, à l’état sauvage. Nous  vous avons concocté un petit album rien que pour cela. Le long des routes,  les hortensias, les oiseaux de paradis, les aloès et les agapanthes  “pulullent” tandis que bougainvillées, fuschias, hibiscus...les dominent.  Malgré la période tardive, Madère mérite toujours son nom d’île aux  fleurs. Au printemps l’explosion de couleurs doit être magique!

 En conclusion, nous dirons que l’île est difficile à décrire tant le paysage  y est diversifié et grandiose : tantôt brut et minéral, tantôt luxuriant  par la débauche de végétation, fleurs et eau.

 Au menu de notre semaine de découverte à pieds, en bus ou en voiture de  location : d’abord des randonnées le long des falaises plongeant à pic dans  l’océan et d’autres le long des “levadas” (= canaux d’irrigation qui partent  du nord de l’île arrosé abondamment par les pluies, parcourent de  nombreux kms pour rejoindre et irriguer les terrasses et plantations du  sud plus ensoleillé) et puis celles dans la forêt primaire et laurifère.  DSC01965

 Ensuite, nous sommes partis à la découverte de villages nichés au creux  des vallées et bordés par des côtes déchiquetées avec parfois des plages  minuscules mais toutes avec du sable couleur “charbon”.

 Nous avons dégusté des poissons inconnus mais exquis ( espada ou poisson  épée) et des fruits tropicaux. Ne sommes –nous pas des touristes?

 Enfin, nous avons terminé par la capitale, Funchal, calme comme une  petite ville de province.

 Mais par-dessus tout ce qui nous a séduit c’est la gentillesse de ses  habitants toujours prêts à vous aider et heureux de pouvoir parler en  français. Beaucoup d’hommes madériens quittent l’île pour aller travailler  sur le continent européen où comme nous l’a dit un “campones” rencontré  lors d’une rando: on gagne mieux sa vie...  

 

 Malgré ce programme touristique chargé,  le capitaine a trouvé le temps  de contacter un technicien de la firme Raymarine et j’ai donc la grande  joie de vous annoncer que l’anémomètre est réparé (en fait remplacé car  cassé net, encore sous garantie donc ouf...) ainsi que le moteur du pilote.  Nous espérons donc ne plus avoir à barrer autant lors de notre prochaine  traversée.

 

 

 Vous l’aurez compris, nous ne chômons pas, et oui, Madère vaut bien le  détour de cette longue escale où nous en prenons plein les yeux et plein  les mollets avec le soleil en prime.DSC01914

 

 Samedi dernier (le 29/10)  Pierre qui nous avait accompagné jusqu’ici a  repris l’avion vers Bruxelles. En attendant que la dépression passe et nous  permette de partir, nous continuons à découvrir l’île et à créer des liens  avec les autres bateaux copains, à profiter de la wi-fi beaucoup moins  capricieuse pour envoyer nos mails et téléphoner via skype à nos proches  et ami(e)s.

 Et puis samedi, nous mettrons le cap sur l’Afrique et  plus particulièrement le Maroc à Agadir d’où nous rayonnerons quelque  temps.

 

 A bientôt donc.

 

 PS: nous avons créé des albums sur Picasa

 

 A bientôt donc car la traversée est d’environ 400M.

 

 

  Porto Santo.

 

 

 

 

   Madère.

 

 

 

 

 

 

  IMPRESSIONS Madère

 Aujourd’hui 26 octobre, location d’une voiture pour découvrir le N de l’île  de Madère.

 Ile aux contrastes multiples : routes vertigineuses bordées d’agapanthes  et d’hortensias dansant au rythme du vent surplombant des falaises  battues par les vagues et modernité déplacée de la multitude de tunnels  lisses et bétonnés transformant Madère en gruyère, paysages luxuriants  avec une palette de verts, montagnes sortant de terre et bande très  étroite pour cultiver, habiter, multitude d’habitations individuelles  colorées disséminées dans la montagne, terrasses, occupation du moindre  espace disponible aménagé depuis des générations par les hommes et  aspect minéral de pointe Sao Lourenço, montagnes et roches noires,  impression  aussi d’humidité , gentillesse des habitants.

 Relief tourmenté, volcanique, abrupt, escarpé, l’île est une montagne  plongeant à pic dans l’océan qui n’est jamais loin, succession de vallées  étroites où chaque versant est recouvert de végétation à profusion :  bananiers, cannes à sucre.  Paysage qui semble sauvage façonné par  l’érosion et la houle de la mer au fil des siècles.

 Nature à la fois abrupte et façonnée par l’homme (les terrasses) où la  terre volcanique produit de nombreuses cultures : cannes à sucre,  bananes, vigne, céréales, fruits exotiques.

 Partout, le long des routes, dans les jardins des maisons, c’est un bouquet  de couleurs chatoyantes où abondent : hibiscus, aloès, frangipaniers,  bougainvillées, agapanthes, hortensias, anthuriums

 Pics émergeant de cols embrumés.

 Ile est un gruyère de tunnels, projet pharaonique et démesuré  dont le  coût ne peut à l’évidence être supporté par les insulaires.

 Profusion, exubérance…

 

 

 

   La flore de Madère.

 

 

  Madère, encore et toujours...


 Nous sommes restés une deuxième semaine à Madère et nous en avons  profité pour nous reposer, préparer l’envoi du journal de bord et des  photos (mine de rien, ça prend beaucoup de temps...) et ensuite pour  découvrir d’autres curiosités ou approfondir la visite de Funchal.

 A Caniçal, nous avons visité le musée consacré à la pêche à la baleine qui a  été pratiquée sur l’île jusqu’en 1981. Impressionnant !On y présente des  os de cachalot ainsi que des infos sur leur vie sous les mers et leur  extinction. Le clou de la visite  est la projection d’un film vidéo d’une  vingtaine de minutes démontrant le courage des anciens chasseurs de  cachalot à Caniçal et dans l’est de Madère il y a quelques décennies. On y  voit divers personnages du village qui, à côté de leur métier quotidien,  excellent dans la dangereuse pêche au cachalot (+ ou -20m). Quand un  banc de cétacés était repéré au large par le veilleur, une fusée était  tirée et le drapeau blanc hissé. Chacun abandonnait alors sa tâche pour  se précipiter au port et unir ses forces, pour une bataille entre l’homme  et la nature, dans l’espoir d’arrondir des fins de mois très difficiles. Ce  film permet d’apprécier les changements socio-économiques radicaux qui  se sont opérés dans l’île en 30 ans et de prendre la mesure du dénuement  matériel qui était alors la réalité d’une petite île perdue au milieu de  l’océan. La richesse apportée par les cachalots étaient à l’époque  inestimable et pas un gramme des mastodontes marins pêchés n’était  alors gâché : huile avec graisse et tête, viande, farine avec os et certains  étaient gardés pour la sculpture…

 C’est en bus que nous sommes retournés à Funchal. A lui seul le trajet  vaut le détour tant par la conduite « sportive » du chauffeur que par la  variété des paysages revus. Une fois là-bas, nous avons visité l’église du  Colegio qui fait face à la cathédrale. Autant celle-ci est sobre, toute de  pierres de lave brun rouge et murs d’un blanc immaculé avec un  plafond  de cèdre patiné qui laisse difficilement voir les scènes décrivant les  grandes découvertes qui y gravées, autant l’autre qui est l’église édifiée  par les jésuites est riche : dorures, chapelles, reliquaires en bois doré  (dont celui du martyre de Sainte Ursule et des 11000 vierges  l’accompagnant)…Il faut dire qu’elle a été construite après le retour des  grandes découvertes dont celle de l’or et que sans doute un des  buts  cachés poursuivi lors de sa construction est de démontrer qui a le pouvoir  (les jésuites ou l’évêque) et l’argent.

 Nous avons aussi observé que les Madériens, comme les Portugais, sont un  peuple très croyant et pratiquant : chaque fois que nous sommes entrés  dans un édifice religieux, petit ou grand, nous y avons vu des gens  agenouillés priant, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Autre  particularité aussi pour nous en tout cas : il y a toujours un prêtre  présent dans un des confessionnaux et une petite lampe rouge s’allume  chaque fois qu’un Madérien tente de racheter son âme. Et elles s’allument  souvent. Ainsi dans la cathédrale nous avons vu une maman poussant un  buggy et tenant par la main une petite fille de 4 ans, se diriger vers le  confessionnal, s’y agenouiller avec ses enfants à quelques mètres d’elle  l’attendant calmement, exemple montrant qu’ici la religion est intégrée à  la vie.  Probablement est-ce ainsi plus par les gestes que la foi se  transmet.

 Une dernière particularité observée est la manière de séquencer la  semaine : chez nous chaque jour a un nom. Ici, seuls samedi et dimanche  en ont un, le dimanche est considéré comme le premier jour de la  semaine. Les autres jours sont « numérotés » : lundi devient « segunda »  mardi « terça », mercredi « quarta », jeudi « quinta », vendredi  « sexta ». Cela donne donc lieu parfois à des confusions et la solution est  alors d’écrire… 

 Voilà, demain si la météo se confirme nous mettons le cap sur Agadir au  Maroc.

 A bientôt donc

 

 PS : certaines photos de l’album ont été prises du bus….   

 

   Supplément Gratuit

 

 

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 17:26

Récit d’une traversée où il se vérifie que croisière commencée un vendredi, bonjour les ennuis...


Mercredi 12 octobre, 6h30, branle-bas de combat, aujourd’hui nous levons l’ancre et partons vers notre plus longue traversée jusqu’à présent avec d’abord le passage du mythique détroit de Gibraltar. Nous n’avons pas trop bien dormi, probablement curieux et énervés. Nous devons tenir compte des marées car selon qu’elle est montante ou descendante dans l’Atlantique il y a un à deux noeuds de courant favorable ou défavorable dans le détroit (l’eau de l’Atlantique vient se mélanger à l’eau de la Méditérrannée). Il vaut donc mieux partir dans les temps. Après un copieux petit-déjeuner, le capitaine prépare ses cartes de navigation et évidemment dans un premier temps ne trouve pas les cartes adéquates, mais bon un peu de zénitude et tout rentre dans l’ordre. Mais avant cela complément du plein de gasoil à la pompe du port qui ouvre paraît-il à 8h...

Encouragés par nos voisins américains et australiens nous larguons les amarres et allons attendre devant la pompe : le ponton est très haut et avec mes petites jambes, très très difficile d’accès, aucune prise, que du béton lisse...Nous parvenons à nous amarrer et l’attente commence...La tension monte car si nous ne pouvons pas partir avec cette marée il nous faudra attendre 12h et donc traverser le détroit de nuit, ce qui ne sera probablement pas facile avec le rail des cargos. Un voilier suisse arrive lui aussi pour le carburant et puis un voilier participant au rallye de l’ARC. Finalement vers 8h45, un marinero, nonchalant apparaît. Pierre qui est un peu, beaucoup énervé et qui parle couramment l’espagnol, lui adresse la parole et celui-ci  (peut-être s’est-il disputé avec sa femme le matin, un de ses enfants a-il pleuré toute la nuit ou...) est manifestement de TRES mauvaise composition, le ton monte et il rentre dans son bâtiment, menace d’appeler la police, dit qu’il a été menacé (nous ne comprenons pas tout mais l’intonation est suffisamment explicite...) et il ne veut pas nous servir. Le capitaine tente de calmer le jeu et finalement nous serons servis vers 9h30. Trop tard pour partir, nous irons donc mouiller 2h devant le port et puis enfin nous levons enfin l’ancre à 12h20. Slalom entre les cargos en attente dans la baie d’Algésiras, entrée dans le détroit, envoi du génois, dépassement de deux voiliers dont un jaune battant pavillon français et navigation dans ce fameux détroit avec un courant favorable de 1,5 noeuds.Pierre Madère 007 Nos yeux ne nous suffisent pas pour observer, nous sommes entre Europe et Afrique et comme toujours (effet venturi) le vent monte. D’ailleurs à la hauteur de Tarifa, nous obervons une forêt d’éoliennes, le plus grand parc d’Europe paraît-il... Dans le ciel, derrière nous apparaissent deux bandes jaunes, probablement du sable en provenance d’Afrique. Spectaculaire! Fin d’après-midi la mer est courte et agitée, sans doute cela rest-il dû au courant contraire qui nous affecte (+ ou-1,5N). Durant notre traversée notre cap variera entre 250° et 270°, c’est le capitaine qui effectue le 1er quart. Il observe de nombreux cargos et pêcheurs (nous longeons les côtes du Maroc et il s’agit d’être vigilants car ils ne sont pas toujours éclairés). Il sera relayé par sa moussaillonne préférée, le courant est toujours portant (il le sera jusqu’à Porto Santo). Celle-ci observe que la route de Manéa croise avant la date prévue un sapin de Noël flottant. Probablement un bateau: “la croisière s’amuse”. Le vent joue à cache-cache et il faut donc rouler, dérouler, rerouler, redérouler le génois..de quoi, s’occuper durant le quart de veille et puis au petit matin, il mollit. Le brouillard se lève jusqu’en milieu de matinée et paradoxalement le vent aussi. Nous naviguons au grand largue, le soleil tente une percée. En 24h nous avons parcouru 131M. Au loin nous entendons une corne de brume qui se rapproche, sur l’écran de l’AIS apparaît le nom d’un cargo que nous ne verrons pas. Depuis que nous naviguons et que nous pouvons voir via l’AIS la description des bateaux croisés nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’entre eux transportent des matières dites dangereuses. Le brouillard se lève et le soleil apparaît mais Eole lui disparaît. Sans doute a-t-il rendez-vous avec Pierre pour la sacro-sainte sieste. Nous appelons donc Mister Perkins à la rescousse et début de soirée  le vent nous revient. Il nous amène même un passager clandestin, un joli “bird-people” qui a besoin de se reposer et qui le fait sur la balancine de grand-voile. (voir photo). Nous nous interrogeons sur la force de vol de ce petit oiseau, seul au milieu de nulle part à au moins 100M de la terre la plus proche (le Maroc) et puis une bande de joyeux dauphins vient “cabrioler” à la proue du bateau, sans doute pour souhaiter bon courage à la moussaillonne qui ce soir assure le premier quart. Le courant nous est toujours favorable et nous avançons à 6 noeuds et demi de moyenne.

Incroyables les sensations du capitaine, vers 23h15, avant son temps de quart il se lève car il a  “senti” une différence dans la façon dont nous voguons!! Effectivement Eole souffle plus fort et un quart d’heure plus tard nous naviguons plus vite! RAS durant notre nuit.

Au petit matin, nous sommes réveillés par un bruit infernal venant du coffre arrière : c’est apparemment Trevor (notre pilote automatique ) qui fait la java, le capitaine le stoppe, nous attendrons la clarté du jour pour l’ausculter mais en attendant il nous faudra barrer. Pourtant en juin, Michel avait pris la précaution de le faire réviser aux ets Pochon à Hyères et selon eux tout était nickel. Alors, quid? Le capitaine nous rappelle évidemment que nous sommes partis un vendredi. Oui, oui, vérifiez, le 23 septembre était bien un vendredi et qui dit croisière commencée un vendredi dit bonjour les ennuis. (Rappelez-vous: l’anémomètre qui nous lâche, le moteur qui fuit, les goupilles de l’étai du génois...)

Après l’auscultation du matin il se vérifie que le verrin (=transmission) du pilote est bien hors service et il nous faudra donc barrer. Un planning est décidé : jour et nuit nous assurerons des quarts d’une heure et demi. Le rythme de notre croisière change donc: maximum 3h de sommeil entre les quarts desquels il faut retirer le temps à consacrer à la vie quotidienne : préparation des repas, vaisselle,... par exemple mais c’est avec bonne humeur que nous sommes prêts à relever le défi. Nous barrons, effectuons nos tâches pour la vie à bord et puis dormons. Plus question de manger ensemble mais bien à tour de rôle. La mer est belle, vent et courant sont avec nous : les conditions pour affronter ce genre de problème sont donc parmi les meilleures. Et puis, dame nature nous gâte encore : le coucher de soleil est une fois de plus magique, un thon joue même à “saute-thon” dans ces couleurs superbes sous notre premier ciel d’alizé.DSC01803 Lors du point, nous constatons que nous avançons toujours bien à un rythme de 130M par jour. RAS pour la nuit et le matin. La fatigue s’accumule, il n’y a rien à l’horizon, le vent est proche de 0,  il est midi, nous roulons donc le génois et étarquons la grand voile pour mettre Manéa en panne : bercés par l’océan, au milieu de l’immensité, nous dînons et faisons la sieste et malgré notre mise à la cape, le courant (1,5 N) nous pousse et nous avançons quand même. Nous savourons un pur moment de bonheur, difficilement descriptible . Le vent revient, nous repartons. La journée de dimanche se déroule dans les mêmes conditions : beau temps, mer belle, soleil, et vers 19h20, le capitaine qui a des yeux de lynx aperçoit la terre.Pierre Madère 040 Porto Santo est en vue! C’est une petite île de l’archipel de Madère à + ou -21M au N de Madeira. Vers 23h, nous sommes à + ou- 7M de l’île, nous ne voulons pas entrer au port de nuit et nous nous mettons à la cape (càd: le bateau n’avance plus mais dérive légèrement sous le vent). Chacun de nous assure son quart mais c’est beaucoup plus reposant que de barrer : juste surveiller les autres bateaux éventuels et notre position car il y a un courant de dérive (1,5N). Le matin, nous ne sommes plus qu’à 2M du port, nous démarrons le moteur, affalons la grand-voile et à 10h nous nous y amarrons. Nous sommes accueillis par Nelson (oui, oui, Arnaud et Coralie), le capitaine du port, très accueillant et professionnel : depuis que nous sommes ici, à l’arrivée de chaque bateau, nous l’avons vu venir accueillir, guider et aider à l’amarrage. C’est assez rare que pour être signalé. Ici, nous sommes à 16° de longitude ouest et donc nous avons changé d’heure puisque tous les 15° (360°:24=15°)  (360°= un tour complet de la terre) de longitude vers l’ouest on retire une heure puisque le soleil se lève plus tard. Quand en Belgique, il est donc 10h, ici il est 9h.

Nous sommes en Europe, au Portugal et pourtant nous avons dû aller déclarer notre entrée à la douane. Avec ses jumelles, le douanier observe régulièrement la mer et le port et toute entrée. L’ accueil est cordial et la vérification de nos papiers est pointilleuse. Que dire du local de la douane et des outils de travail du douanier? L’administration de cette île et du Portugal doit être bien pauvre pour travailler dans de telles conditions....

Nous sommes heureux de cette traversée, qui malgré notre verrin HS s’est déroulée dans de très bonnes conditions, naviguer sur l’Atlantique a été un réel plaisir (malgré des creux parfois de plus deux mètres, la houle est très longue et donc le bateau ne tape pas comme en Méditérranée où elle est courte), nous avons appris à mieux ressentir Manéa, notre complicité et solidarité s’est renforcée, bref que du bon avec en prime tous les chouettes cadeaux de dame nature.

Nous avons parcouru 550M en 108h dont 98h de voile. Depuis notre départ d’Hyères, nous avons déjà parcouru en tout 1308M...(petit rappel:1M=1852m)

Maintenant repos et puis découverte de l’île: nous sommes quand même en vacances, non?

 

PS: Vous souvenez-vous du bateau jaune canari que nous avions “doublé” dans le détroit de Gibraltar? Et bien, sachez que lundi début d’après-midi nous l’aidions à s’amarrer à Porto Santo... Il s’appelle Pincoya. C’est, nous a-t-il dit, une fée chilienne...Nous avons donc fait belle route...

 

 

 Photos traversée.

 

 

 

 

         

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 15:02

Ca y est, le 23 septembre à 16 h, nous avons enfin largué les amarres ! Enfin, nous voilà sur l’eau ! Après les mois de préparation intensive et tous nos changements de vie, nous espérons pouvoir profiter un peu… 

En route pour la grande aventure qui commence enfin réellement, cap sur les Baléares et plus particulièrement l’îlot d’Espalmador devant la petite  île de Formentera, la plus petite île des Baléares . Nous sommes trois à bord : le capitaine, Framboise, son moussaillon préféré et Pierre un ami de longue date du capitaine qui a déjà bourlingué pas mal avec lui. Comme une de nos escales sera Madère et qu’il en rêve, il nous accompagne jusque là.

Le vent est malicieux, il nous accompagne durant la traversée de la rade d’Hyères, nous y déroulons avec bonheur le génois (foc d’avant) mais une fois que nous avons dépassé l’île de Porquerolles, il tombe et nous devons appeler mister Perkins à notre secours pour avancer. Il est dommage que nous n’ayons pas de canne à pêche car nous voyons des bancs de thon, le souper était tout trouvé !

Le moussaillon Framboise prend le 1er quart jusqu’à 24h, croise quelques cargos et ferries (essentiellement vers la Corse), la nuit est belle et douce, le ciel magique piqueté de milliers d’étoiles et la mer quasi d’huile. Le capitaine la relève et profite à son tour de la douceur nocturne. Dans le livre de bord, il note : » RAS » càd rien à signaler, c’est dire combien nous avons pu profiter de la paix nocturne et laisser vagabonder nos esprits. C’est Pierre qui assure le dernier quart et verra donc madame la lune se lever à 3h45 (dernier quartier et donc pour elle sans doute grasse nuit).

A 6h, enfin Eole se réveille et nous pouvons stopper le moteur jusqu’à 12h15, où il nous laisse tomber comme l’anémomètre (instrument permettant de mesurer la vitesse du vent et donc très précieux lorsqu’on navigue à la voile). Celui-ci, installé l’an dernier en mai, n’a donc été utilisé que durant nos cinq mois de navigation de l’an dernier, il est encore normalement sous garantie. Mais nous sommes loin de l’installateur… Et comme dit le capitaine qui n’est pas superstitieux pour deux sous : « croisière commencée un vendredi, bonjour les soucis » .

La preuve : quelques minutes plus tard, il commence à pleuvoir ! Un peu plus tard, le temps tourne à l’orage, nombreux éclairs au loin. Les nuages ont vraiment la forme d’une enclume, le cumulo-nimbus typique ! Nous sommes obligés de rester enfermés dans le carré, il fait chaud, et le moussaillon ne se sent pas très bien….

Voulant expérimenter les cartes électroniques et le GPS, nous constatons que une fiche est dessertie : plus de GPS, du moins celui qui est dédié au logiciel de nav… Ca continue …

Durant le premier quart que Michel assume, de nombreux grains et de fortes averses assailleront Manéa. Il aura l’occasion de remarquer que ceux-ci se repèrent  très bien au radar. Le problème est : voit-on aussi les cargos dans ces grains ? IL pense que non…

Vers 3 h du matin, comme annoncé, le ciel se dégage et on peut faire une petite heure de voile. Mais cela sera de courte durée : jusqu’à Espalmador, nous n’aurons pas beaucoup d’occasions de «  voiler « !

Arrivés devant Santa Eulalia (ville d’Ibiza sur la côte Est),  nous manquons de nous faire piéger par la Llosa,  un haut-fonds (1,60m d’eau seulement) mal balisé : la bouée signalant ce danger isolé est mouillée au milieu de la sèche et celle-ci s’étend sur 3 ou 400m au large. Si vous la rasez, vous touchez ! Le cap’tain se souvient de la même mésaventure l’année dernière : la couleur de l’eau change et il faut virer en grand pour contourner l’obstacle. Ouf, passés !

Nous avons tous, pour des raisons diverses (pour Pierre, un peu piquantes…) une attirance pour Espalmador, îlot au nord de Formentera, sable fin et blanc, bleu du ciel et de la mer qui se confondent, eau cristalline, roche ocre, pas d’habitat, bref un cadre somptueux dont nous ne nous lassons pas. Nous décidons d’y terminer notre traversée car il y a des bouées de mouillage : plus facile. Erreur : plus de bouées, nous mouillons donc. Nous apprendrons plus tard que les budgets n’ont pas été votés et donc que les bouées sont restées au «  garage «. Pauvres posidonies…(c’est justement pour éviter de les arracher en mouillant que l’on installe des corps morts). Nous avons donc parcouru 354 M en 74h dont 58h au moteur…DSC01696

Le lendemain, direction Cala Sabina, à Formentera pour l’appoint en avitaillement et petite balade sur l’île. Demain, nous y louerons des scooters pour la découvrir. Cela nous permettra de ne pas avoir trop chaud (30° mais vent) et de pouvoir emprunter d’autres chemins que les routes classiques. Aujourd’hui, premières découvertes..

Lors de notre escapade en scooter, nous serons les témoins d’une séance de photos de mode sur le site du phare de La Mola à la pointe Codolar . Pour un peu, Michel aurait pensé que son ami Fernand avait repris du service ! Formentera, la Pitiusa menor, est la plus petite des îles des Baléares. Elle mesure 23 kms de longueur sur 17 de largeur. A certains endroits, l’île n’est large que de 2 ou 3 km. Sa population, qui compte à peine 9150 habitants vit essentiellement de l’agriculture et du tourisme. Le climat est doux en hiver, sec et chaud en été avec une température moyenne de 18,6°C. C’est une île à la nature préservée et d’une manière générale restée « sauvage » et nous y avons goûté la quiétude du littoral baigné d’une eau pure, le calme des petits bourgs ensoleillés, vu les maisons en pierres au toit plat et aux façades souvent peintes à la chaux et où volets et fenêtres sont souvent bleu vif et ont un toit plat,  

Il y a trois types de paysages : en arrivant à la Savina, c’est d’abord une région de salines, plate par définition. Sur l’étroite bande qui va en direction de La Mola, le pays tout en restant plat devient agricole et enfin sur le plateau de La Mola(192m) et du cap de Barbaria (107m), des murets de pierres quadrillent l’espace des champs énormes et arides et lui donnent un aspect particulier. Dans ceux-ci, nous voyons souvent un seul figuier à la couronne soutenue par des bouts de bois  sous lequel se reposent chèvres ou moutons aux pattes entravées pour les empêcher de fuir ou de manger l’écorce.

En fin de journée, après avoir parcouru une centaine de kilomètres, fatigués et heureux de nos découvertes, nous rendons nos destriers  et regagnons Manéa en annexe. Décision est prise de partir demain jeudi vers le continent espagnol, mais pas vers Oliva comme prévu initialement, car le port est en train d’être dragué et il n’y a pas de place pour nous. Nous pensons aller vers Carthagène où nous espérons trouver un certain nombre de choses et notamment, cette fameuse fiche pour l’ordi que nous n’avons pas trouvé à Formentera. Mais avant, nous avons besoin de gasoil, car les quelques 50 heures de moteur pour venir ont taillé une belle brèche dans nos réserves. Direction donc la pompe. Zut, au lieu de regarder et de relever le mouillage ensuite, nous faisons l’inverse et  évidemment, il y a foule. Pas grave : quelques petits ronds dans l’eau et le tour est joué ! Nous en sommes à une demi-heure de ronds, quand une alarme, que nous n’identifions pas tout de suite, se déclenche. On est à quelques dizaines de mètres du mouillage, dans l’entrée du port : pas question de rester là ! Nous mouillons en catastrophe après trois longues ( peut-être seulement deux…) minutes de sifflement : la température moteur est à 120° !

Incompréhension de notre part car nous avions vérifié (mais mal sans doute…) les niveaux à Espalmador. Téléphone à Denis, le mécanicien moteur, qui ne comprend pas non plus. Après moultes investigations et interrogations, joint de culasse, faisceau refroidissement crevé, etc., nous trouvons dans les fonds ( mais pas sous la gate du moteur, c’est ça qui nous a trompé…) du liquide verdâtre, couleur bien connue du liquide de refroidissement. Nous constatons ensuite qu’il en manque dans le système, et nous en rajouterons près de 4 litres et demi. Nous aurions donc «  largué » tout ça en une petite heure ( d’Espalmador à Cala Sabina) : difficile à croire !

Coup de fil à Denis qui nous oriente vers le chauffe-eau : il en a remplacé les durites, et nous demande de vérifier. Plus aucun doute, ça vient de là : le liquide s’écoule goutte à goutte à l’arrêt, mais  »pisse » assez fort moteur tournant pour expliquer les 4,5 l. J’avais déjà remarqué que Denis avait tendance à ne pas trop serrer ses durites, j’aurais dû y penser…Plus de peur que de mal donc et belle frayeur… Depuis, mais il faut le dire tout bas pour ne pas risquer ses colères, Mr Perkins ne fait plus parler de lui…

On  dégage le 30 septembre à midi (tiens, encore un vendredi…) La météo a l’air bonne, est à nord-est 4 à 5, mais assez vite, la mer se creuse. Nous prenons un ris, et la vitesse se stabilise à 5,5N, grand largue. Le bateau roule beaucoup, il y a plus de mer que de vent et c’est très inconfortable. La nuit, nous voyons de nombreux orages derrière nous, mais aucun ne nous atteindra, le vent monte et notre vitesse augmente : nous ferons des pointes à 8 voire 9 nœuds : Manéa ne vogue plus, il vole !

Vers le matin, le vent monte à 6 (estimé vu anémomètre HS) et pour Carthagène, va falloir empanner. Nous avions avant de partir, gréé le frein de bôme et il nous a bien aidé même si trois tours se sont avérés trop : deux suffisent. Empannage en douceur et nous repartons sur l’autre amure. Accessoirement, l’allure est plus confortable, les voiles ne battent plus. Néanmoins, tout cela fait que nous n’avons pas beaucoup ( pour ne pas dire pas du tout…) dormi. Entrée à la « Real Club Regatas » de Carthagène et amarrage délicat : vent dans le c…, nous prenons le ponton nickel, mais les pendilles des voisins ( celui sous le vent bien sûr…) sont très écartées, franchement presque latérales, et évidemment le safran la prend au passage, coup d’arrêt, le bateau pivote et vlan, l’ancre dans le liston de l’autre et une belle griffe, une ! Heureusement, il est très sympa, nous deviendrons même copains, et ça s’arrangera avec les assurances. Nous avons parcouru 150,5M en 23h.DSC01709

Première découverte rapide de la ville (c’est samedi et les magasins ferment à 14h)  et surtout trouvaille dans un magasin d’électronique des fameuses fiches qui relient l’AIS à l’ordi. Nous en sommes très heureux car cela nous soulage durant nos quarts.  Nous resterons 3 nuits dans ce port fondé par les Carthaginois, occupé ensuite par les Romains ( découverte en 1987 d’un théâtre du 1er S avant J-C,  dont une armée d’archéologues continue encore à dégager les gradins) et qui est aujourd’hui une base navale importante.

Et puis sieste pour récupérer de la nuit sportive…

Attendant des vents plus calmes, les jours suivants nous arpentons la Calle Mayor et ses rues adjacentes admirant les nombreuses et belles façades d’anciens hôtels particuliers, restaurés ou en passe de l’être,  avec leurs élégants bow-windows, corniches et dentelles architecturales. Ici pas de vie trépidante mais au contraire le calme, ainsi de nombreux bancs et même des sculptures incitent au repos. 

Une fois de plus, nous sommes frappés par le fait que les gens se baladent en famille et surtout que l’on promène beaucoup les personnes âgées et ou handicapées. Il faut dire que tout est adapté pour cela : rues piétonnes  au dallage plat, pas ou très peu de bordures…

La réparation des goupilles du génois (une des pièces maîtresses en navigation) n’ayant pas tenu, nous le désendraillons, le capitaine montera lui-même au mât, même si il n’aime pas trop cela et tentera de les bloquer à nouveau avec du silicone. Par sécurité, nous décidons que lors de nos prochaines navigations nous ne le déroulerons plus à fond et garderons quelques tours.

Lundi, notre voisin de ponton, qui a loué une voiture,  nous propose de l’accompagner pour nos courses. Nous avons besoin de gaz et de frais, sa proposition tombe bien.

Finalement, les fichiers météo étant bons, mardi à 15h, nous larguons les amarres de la marina direction la pointe de l’Europe, Gibraltar ou les Colonnes d’Hercule.  Nous envoyons la grand- voile en y prenant directement un ris par précaution, le génois et coupons le moteur. Quel plaisir que de voguer ainsi au bon plein, accompagnés par le bruit du vent et de l’eau, la mer est belle, RAS…

Hélas à 20h30, Eole s’assoupit et nous devons appeler mister Perkins à la rescousse. La nuit sera belle et chacun de nous effectue son quart en rêvant sous les étoiles, admirant les lumières des villages qui s’étirent le long de la côte et forment une guirlande lumineuse à la belle bleue. Durant la matinée de mercredi, à plusieurs reprises, Framboise aperçoit des poissons volants. Une fois, même ceux-ci sont poursuivis par une dorade coryphène, magnifique poisson aux écailles bleues turquoise, moments magiques…Nous ne rencontrons personne. A plusieurs reprises, le vent se lève mais tombe quasi aussi vite. Cela nous permet de nous exercer entre autre à tangonner le génois. Nous paressons au soleil et lisons et la journée est déjà passée et nos tours de quart reprennent pour la seconde nuit où le vent est toujours aussi paresseux et cette 2ème nuit sera  belle quoique il y ait de la brume. Celle-ci nous évitera de voir la côte déformée par toutes les serres en plastique (invernaderos) et l’urbanisation à outrance peu soucieuse de la préservation des paysages et des équilibres naturels. Le comble de l’horreur est atteint à Torremolinos où les immeubles n’étant pas en front de mer ont vue sur…ceux qui le sont. Evidemment ces serres sont un formidable moteur économique puisqu’elles permettent d’exporter en quantité fruits et légumes dans toute l’Europe mais aussi de nous proposer des fraises en plein hiver par exemple. A nous de nous comporter en consommateurs responsables. Un autre inconvénient de celles-ci est leur gourmandise en eau : 55OOm3/Ha cultivé ce qui à plus ou moins long terme a un impact sur l’environnement : création de retenues d’eau dans les montagnes, désalinisation de l’eau de mer, pompage des nappes phréatiques… Mais bon, je cesse mes considérations écologiques… Le vent ne se lève pas, nous approchons de Gibraltar, la mer est d’huile, et nous sommes encore au moteur. Rien à signaler excepté que nous attendons impatiemment de voir le phare Europa, celui qui à Gibraltar signale le bout de l’Europe. Nous l’apercevons vers  16 h et slalomant entre les cargos, nous le doublons.

Nous voici enfin à l’entrée de ce détroit mythique, passage obligé entre la Mer Méditerranée et l’Océan Atlantique.

Nous choisissons la marina Alcadeisa à la Linéa de la Conception( Espagne) comme port d’attache et non la marina anglaise. Après avoir fait les documents d’entrée au port, nous nous amarrons au ponton 12 place 7 sur catway (ponton flottant auquel on s’amarre parallèlement, beaucoup plus facile que le système de pendilles, où une amarre attachée à un corps mort vous retient) ) et nous profitons d’un beau coucher de soleil après avoir parcouru 250,8M en 52h.DSC01719

Nous sommes fatigués, mais contents.

Après une bonne nuit de sommeil, c’est aujourd’hui jour de lessive. Nous profitons de la lessiveuse et du séchoir mis à notre disposition par la marina. Eole se charge du séchage . Cela n’a l’air de rien mais il nous aura fallu toute la journée pour lessiver, sécher et ranger le linge, mais bon une fois par mois, ce n’est pas exagéré.

Samedi matin, branle-bas de combat : préparatifs pour une expédition de reconnaissance sur le territoire de la perfide Albion. Nous parcourons +ou- 500m avant d’arriver à la frontière  de cette enclave anglaise (6,5km2 seulement)  en terre andalouse. Nous devons y montrer « patte blanche », ensuite traverser…la piste d’atterrissage. Ici, vu l’exiguïté du territoire, aucun espace n’est perdu : comme sur une île, tout est importé et les avions britanniques atterrissent sur une piste minuscule au ras des eaux, située sur une langue de terre plate entre la ville et le poste frontière. Si, un avion surgit, la route est fermée et voitures et piétons attendent le temps de l’atterrissage. L’eau que boivent les habitants est produite sur place dans une usine de désalinisation d’eau de mer, financée par Londres. C’est en 1713, lors du traité d’Utrecht, que l’Espagne fait don « absolument et pour toujours » du rocher à sa Gracieuse Majesté. Vous l’avez compris, la vie ici dépend du modus vivendi imposé par Londres et Madrid et selon l’humeur du moment, les douaniers espagnols se font plus ou moins zélés. Il faut savoir que malgré le blocus imposé au rocher par Franco en 1969, ce seront finalement les espagnols qui plieront en 1985 car l’Angleterre exigeait la levée de celui-ci comme condition à l’entrée de L’Espagne dans l’Union Européenne. Ce sera chose faite le 4 février 1985 : la frontière est réouverte. Pourtant de chaque côté de celle-ci, on « sent » que chacun campe sur ses positions.  Nous n’avons plus l’habitude de passer les frontières depuis qu’existe l’Union Européenne et pourtant ici, entre deux états européens, frontière il y a bien et on le sent. La libre circulation dans l’espace Schengen, ici ce ne sont que des mots…

Autre particularité : les formalités administratives pour le mariage sont très rapides ; il suffit d’y résider depuis 48h pour pouvoir se marier. Mais 48h d’attente c’est trop long pour nous et puis c’était le week-end.

 Nous abordons la ville et sa rue principale , Main Street, où une foule compacte avance ou s’arrête au gré des vitrines rencontrées : électronique, alcool, cigarettes…Il faut savoir qu’ici ces marchandises sont fortement détaxées. Après une éreintante balade de 5h durant laquelle nous avons été dépaysés car ici tout est « so British » : paiement en livres, cabines téléphoniques rouges, relève de la Garde devant le palais du gouverneur et parade dans la grand-rue ,fish and chips…. nous atterrirons dans un pseudo pub irlandais tenu par une espagnole pour nous restaurer. Nous  rentrons ensuite au bateau , fatigués et soulagés de quelques dizaines d’euros.

Dimanche, nous continuons l’ exploration du Rocher en montant à son sommet en « cable-car ». Nous y bénéficions d’une vue superbe qui nous permet de bien mesurer toute l’importance stratégique du site. Une colonie de Macaques y vit en liberté (+ou-200) et ils sont audacieux et frondeurs : l’un d’eux s’est pris d’amitié pour Pierre et ne voulait plus le quitter.DSC01764 Le prix demandé pour la montée est exorbitant, une vraie arnaque mais bon, la vue et la partie de plaisir avec les singes adoucit quelque peu la douloureuse. Une série de chemins nous permet d’accéder à pied aux « Saint Michael’s Caves », des grottes formant un bel ensemble de vastes salles dégoulinant de draperies formées par les stalactites et les stalagmites.

Une fois redescendus, en bus , nous gagnons le phare d’Europa point, le plus méridional du Royaume-Uni. C’est pour nous une autre manière de découvrir cette petite ville qui n’est ni belle ni typique, mais où il règne une étrange atmosphère résultant de ce bout de rocher, anachronisme historique.

Lundi et mardi se passent en avitaillement, préparation du bateau pour notre prochain départ. Nous partons demain, le 12 octobre pour Madère : 5 jours et 5 nuits en mer et pour la moussaillonne, son baptême dans l’Océan Atlantique. A partir d’ici, une nouvelle composante entre en ligne : les marées.

A bientôt donc pour le récit de notre traversée.

 L'album Photo.

    

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 12:20


Juillet 2011

                                                                                                                              Malgré une circulation dense, nous sommes bien arrivés dans le sud le dimanche 24 au soir. Fidèle au poste et exhibant ses nouveaux panneaux solaires, Manéa nous attendait. 

                                                                                                                          Après une nuit de repos, nous commençons par installer les moustiquaires « maison » réalisés par Mamy pour éviter à Michel d’être le « chouchou » des moustiques. Chapeau à elle car c’est sans modèle, et uniquement à partir de la description verbale et des mesures prises par le capitaine qu’elle les a réalisés et ils sont « top nickel chrome » !  Puis, nous vidons la voiture (nous n’aurions plus pu y intercaler un petit pois !) et transbordons son contenu.

  Il faut dire que nous avions fait fort : les outils du capitaine, son matériel informatique et son équipement de plongée, le matériel de sécurité (balises de détresse, AIS=Automatique Identification Système,…) et de camping en prévision des découvertes de l’intérieur des terres des pays visités, des livres pour les traversées, des médocs pour huit mois ainsi qu’une trousse d’urgence pour tous les bobos possibles (douloureuse la note du pharmacien ! ), du matériel de cuisine manquant au bonheur du moussaillon, nos vêtements et puis nos « trésors » : 33 plats de chez nous stérilisés, 36 pots de confitures maison aux parfums divers, quatre kg et demi de bon chocolat belge, des Spéculoos…et bien d’autres douceurs, de quoi apaiser par « un petit goût de chez nous », les moments de cafard qui surviendront probablement…Comme vous le devinez de quoi donc, remplir une voiture !

  Je suis épatée car avec de la réflexion, de l’ingéniosité et de la souplesse, tout est rangé et il reste encore des espaces vides. Il faut dire que dans un bateau les moindres espaces sont utilisables, même si ils demandent des contorsions. De plus, ils sont très nombreux.

  Après une autre nuit bien méritée, le moussaillon dresse un inventaire sur l’ordi de l’avitaillement par coffre ou équipet tandis que le capitaine installe l’informatique de bord : ordi, écran, VHF AIS qui pourra repérer les signaux émis par les navires avoisinants ainsi que ceux émis par nos balises de détresse si l’un de nous tombait à l’eau (nous espérons ne devoir jamais nous en servir mais deux précautions valent mieux qu’une !!!). Ce n’est pas simple car il lui faut démonter des cloisons pour passer ses fils, les raccorder, choisir les endroits de placement (et ce n’est pas facile). Il y consacrera deux jours après avoir étalé tout son matos à l’intérieur du bateau…Et dans ces cas-là, le moussaillon sait se faire plus discret encore que de coutume (préparation des repas, lecture sur le pont…)

  Les jours passent à toute allure et je sens monter l’inquiétude du capitaine car nous n’aurons jamais assez de temps pour tout préparer et réparer : ainsi une « drache » fait apparaître une fuite au pied de la cadène bâbord, les vannes du WC du cabinet de toilettes  arrière  sont à changer, il nous faut encore aller rechercher le génois et la grand-voile en révision et surtout le gros boulot  : réparer les coups dans la coque avec de l’époxy, le poncer et puis poser une couche de Primocon pour enfin terminer par l’anti-fouling.

  A cela, il faut ajouter l’entretien du guindeau, du moteur avec le mécanicien, et la réalisation d’étagères dans l’un ou l’autre coffre extérieur pour savoir conserver les légumes frais et la fin de l’avitaillement de tout ce qui est non-périssable. La liste est donc bien longue et j’essaie avec mes petits moyens de soulager le travail du capitaine : courses, préparation  de bons petits plats pour adoucir ses longues journées , ménage classique…et puis pose du primocon puis de l’anti-fouling pour moi : cheveux exceptés, à la fin de la première couche (40 m2), je ressemble à la schtroumpfette !

                                DSC01663 Nos dix jours de séjour se terminent et c’est déjà le moment du retour vers la Belgique, où nous attend un autre grand chantier : vider la maison pour qu’elle soit prête à la location le 31 août. Nous pressentons que ce ne sera pas une petite affaire et que nous risquons de manquer de temps…

  Septembre 2011

  1er septembre : nous n’avons plus de chez nous et dorénavant, comme à chacun de nos retours au pays, nous louons un gîte rural pour pouvoir retrouver familles et amis. Nous espérons souffler un peu avant le grand départ mais nous n’en aurons pas beaucoup l’occasion car le 10, Elsa et Antoine se marient et même si ils ont tout préparé, c’est quand même beaucoup de préoccupations. Ce sera une très belle journée où joie de vivre, amitié et amour étaient au rendez-vous et même le soleil était de la partie !

  Lille Europe, 15 septembre 10h30 : ça y est !!! Nous embarquons dans le TGV      qui va nous conduire à Toulon. Nos sacs pèsent 3 T…Nous avons oublié de descendre un certain nombre de choses (guides des pays envisagés, quelques outils,…) fin juillet et elles nous occasionnent un sac mais surtout du poids supplémentaire !

  Notre horaire se goupille bien car arrivés à Toulon à 16h17, nous embarquons dans le bus vers Hyères à 16h30, changement à la gare routière et direction Port Gapeau (un des ports à sec d’Hyères). A 18h30, avec émotion,  nous retrouvons Manéa, celui grâce à qui nous allons pouvoir parcourir les mers et découvrir le monde.

  Nous sommes maintenant vraiment des « nomades » comme dit Bon-Papa…

  Première surprise : des minis fourmis ont envahi le bateau et courent partout, un petit coup de bombe et elles sont anéanties mais durant la nuit elles reviennent en force et choisissent notre lit, et surtout mon corps comme nouveau terrain d’exploration. Leur cheminement chatouilleux me réveille et m’oblige à me lever aux aurores. Sans doute ai-je la peau plus sucrée que le fond du pot de confiture resté ouvert, qu’elles dédaignent. Question pratique, nous les éradiquons à coup de produits chimiques mais leur courage force notre admiration : nous avons calculé que leur ascension sur Manéa équivaut à peu près à une ascension humaine de l’Everest !

  Vendredi matin, pour le capitaine, installation des bases de notre téléphone Irridium (satellite) avec un technicien de chez Pochon (magasin d’électronique marine) et pour moi, trajet en bus vers Hyères ville pour les courses. L’après-midi, pose d’un hublot ouvrant côté cuisine et pour le moussaillon, rangement du contenu de nos sacs dans tous les espaces encore libres, et la journée est déjà terminée.

                            DSC01685 Samedi, ce seront une multitude d’actes plus techniques pour le capitaine et pour moi, la pose de la deuxième couche d’anti-fouling. Une fois de plus, je ressemble à l’héroïne de Peyo. Une bonne douche et puis, à pieds, direction Ayguade  (petit bourg faisant partie d’Hyères) pour y fêter  le début nouvelle vie : au restaurant gastronomique «  Le Ceinturon » nous dégusterons un délicieux menu du terroir. Entrées et dessert ont particulièrement ravis nos papilles.

 

 

 

 

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Présentation

  • : Le blog de Manéa.over-blog.com
  • : Préparation et compte-rendu d'une retraite vagabonde autour du monde en voilier.
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Qui sommes-nous?

 

Nous nous appelons Françoise et Michel. Nous sommes belges et pré-retraités de l'enseignement tous les deux.

Nous habitons un petit village de la province de Hainaut, dans les Hauts-Pays pour ceux qui connaissent, tout près de la frontière française.

Après environ 35 ans d'enseignement chacun, nous avons décidé de vivre les quelques prochaines années à découvrir le monde en bateau, manière de vivre assez ascétique et où nous retrouvons les valeurs essentielles.

 

Françoise.

Elle n'avait jamais navigué auparavant. Elle ne nage pas très bien, n'aime pas  être dans l'eau (espérons que cela changera;;;)  mais aime être sur l'eau. Elle est cependant pleine de bonne volonté. 

Avant de me connaître, sa seule expérience du bateau en mer, se résumait à une visite des grottes près de Bonifacio, sur un " promène-couillons "(!) au cours de laquelle, elle fut copieusement malade! C'est vous dire si elle était anxieuse la première fois qu'elle est montée sur Manéa  en juillet 2009.

Mais, miracle, son mal de mer semble n'être qu'un mauvais souvenir.

Elle aime la nature, les voyages, la vie simple, lire, écouter de la musique, réfléchir et discuter sur la condition humaine, (elle était prof de philo!), cuisiner,  ses enfants et son petit-fils. En revanche, -mais elle fait de louables efforts pour s'améliorer- elle n'est pas toujours très ordonnée. Mais, sur le bateau, c'est nettement mieux qu'à terre... Chacun sait que sur un bateau,...Elle aime la solitude et la contemplation mais apprécie aussi d'être entourée par famille et amis.

Elle est affligée d'une difficulté chronique à reconnaître sa droite de sa gauche mais ça n'influe pas (enfin pas trop! ) sur son aptitude à barrer.

Elle apprend vite mais, -est-ce un manque de confiance en soi?-, elle a tendance à paniquer dans l'urgence et de ce fait, certaines manoeuvres n'ont pas toujours la fluidité qu'elles devraient avoir. Mais sans doute, suis-je un peu responsable là, moi aussi : assez pédagogue? ( gênant pour un ancien prof...)

Michel.

J'ai fait mes premières armes sur caravelle et puis vaurien en 1970 sur l'île de Batz en Bretagne. Mais, tout petit déjà, j'ai toujours été attiré par la mer et les bateaux. Pour ceux qui se souviennent, je pense que ce sont " les aventures du Capitaine Troy ", feuilleton télévisé des années soixante, qui m'ont donné le virus. Oui, j'entends encore le doux bruit de sa goélette, naviguant dans les mers du sud...

Cette première expérience fut complétée par quelques autres sur dériveur mais le véritable départ fut en 1977, quand j'effectuai un stage de croisière à Saint-Malo. Deuxième révélation : la vie en croisière me remplit d'aise : vivre, manger, dormir à bord, manoeuvrer,  faire la navigation, c'est tout ce que j'aime. J'ai su à cet instant, que je ne pourrais jamais plus me passer durablement de naviguer.

L'année suivante, location d'un  Flush Poker, toujours à Saint-Malo puis en 79, un embarquement pour la Corse. Expérience mitigée, car le patron est un peu " juste ", notamment dans la manoeuvre de son bateau et dans ses relations avec l'équipage : quelques équipiers débarqueront et nous  nous retrouverons seuls avec lui. Je devrai assumer, bien malgré moi, le rôle de skipper. Tout se passera bien cependant et nous rentrerons à Antibes sains et saufs! Est-ce cette première expérience d'embarquement qui a fait que je n'ai plus eu que des bateaux à moi par après? Peut-être, mais cela ne m'a pas empêché de prendre des équipiers à bord ensuite, et ça s'est toujours bien passé.

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Mes bateaux.

1986 : un corsaire complètement pourri baptisé " Boaf " et un laser pour rigoler dans les thermiques  du golfe de Valencia (5 à 6  chaque après-midi) 

1988 : kelt 620 " Hiva oa"

1991 : first 30 : Manéa  premier du nom.

1994 : kelt 9m : Manéa toujours. (Vendu en 98, non remplacé alors)

2009 : attalia 32 : Manéa. (vendu en août 2010)

2010 ; centurion 42 : Manéa.

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Manéa

Centurion 42 N° 32 du chantier Wauquier de 1988.

Acheté par un osthéopathe anversois, il semble l'avoir doté de toutes les options possibles et imaginables : trinquette sur enrouleur, génois maxi, génois lourd, chaussette à spi, spi, chauffage, frigoboat, hélice maxprop, pilote automatique, j'en oublie...

Vendu en 2005 à un Français originaire du Doubs, il n'a que peu navigué : le moteur ne totalise que 1472h. Ce dernier n'a malheureusement pas pu réaliser ce pourquoi il l'avait acheté : faire la même chose que nous! Chaque fois que nous le rencontrons, nous mesurons combien sa déception est grande...

Manéa  correspond à nos attentes : bon marcheur ( 108m2 au près), facile à manoeuvrer (accastillage bien dimensionné), peu gîtard, tirant d'eau réduit, et beaucoup d'espace et de rangements. Et en plus, il est beau. Et je vous assure que je ne suis pas le seul à le dire.DSC01504

Nous avons ajouté à son équipement un deuxième pilote, refait l'électronique entièrement, installé l'informatique, un portique, des panneaux solaires, un taud récupérateur d'eau (www.banik.org) et un bimini.


En voici les caractéristiques générales :

Longueur coque ....................12,86m

Longueur flottaison................ 10,12m

Largeur................................   4,06m

Déplacement........................11000Kgs

Lest plomb.............................4320Kgs

Tirant d’eau..............................1,74m

Tirant d’air................................19m

Grand voile................................36m2

Génois léger...............................72m2

Génois lourd...............................62m2

Spinnaker.................................165m2

Batteries service : 6x105Ah

Batterie moteur : 105Ah

Chargeur : 60A Cristec.

Panneaux solaires : 270W.

Gestionnaire de batterie BEPmarine

Eau : 750L

Gasoil : 260L (plus 80l jerrycans)

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Mais pourquoi partir?

Par Françoise

 

Depuis toujours l’un et l’autre, nous avons «  la bougeotte » et l’envie de voyager a toujours été présente en chacun de nous, même si parfois elle a été occultée par des tas d’autres « priorités ».

Pour ma part, j’ai toujours su qu’une fois  à la retraite,  je partirais à la découverte  du monde et des autres mais je n’avais jamais imaginé que cela se réaliserait en bateau, moi qui n’aime pas vraiment l’eau (du moins être dedans, sur elle, je me sens en totale confiance et cela est certainement dû à la grande prudence du capitaine !). Quant à Michel, il n’est vraiment lui-même que sur l’eau et il espérait ce retour depuis de nombreuses années.

Partir, mais pourquoi partons-nous ? Quelles sont nos motivations ?

Elles sont multiples :

Partir pour partager et tenter de vivre ensemble un rêve, celui de Michel dans lequel il m’a offert d’entrer si généreusement et qui est devenu celui de notre couple.

Partir en sachant prendre le temps, moi qui ai eu la sensation d’être un robot pendant des années : tout était programmé dans mes journées, aucun temps mort !

Partir pour aller à la rencontre de nous-mêmes, de l’autre, des autres.

Partir pour voir le monde, en prendre plein les yeux et tenter de vivre au rythme de la nature.

Partir pour rencontrer d’autres cultures, essayer de les comprendre en nous laissant interpeller par elles. 

Partir et essayer de vivre sans tomber dans les pièges de notre société de consommation : savoir retrouver l’essentiel qui est bien plus dans l’être que dans l’avoir et donc tenter de vivre la concrétisation du contenu de mes cours.

Partir parce que nous n’avons qu’une vie….

Partir pour essayer de changer notre vie, notre vision des choses grâce à toutes nos futures rencontres….

Partir en quête de rencontres humaines vraies avec l’envie de retrouver l’authentique.

Partir parce que nous avons envie de faire partie de la tribu de ceux qui vivent leurs rêves plutôt que de celle de ceux qui rêvent leur vie.

Nous avons choisi de partir et choisir c’est renoncer : nous renonçons effectivement à une série de choses qui font souvent le sel de la vie pour beaucoup d’autres : ne pas voir grandir semaine après semaine nos petits-enfants, vivre après coup et à distance des événements importants : une grossesse, une naissance, un projet de mariage, des fêtes de famille : Noël…être présent au quotidien auprès de nos parents qui vieillissent mais bon, si nous ne le faisons pas maintenant alors que nous sommes encore en bonne santé, quand le ferons-nous ? Nous sommes en effet la génération « sandwich » coincée entre nos parents, nos enfants et petits-enfants et puis, pour ma part durant plus de 30 ans, j’ai tout consacré et donné à mes enfants : temps, argent…Il est donc juste maintenant de penser à moi, à nous, même si certain(e)s peuvent trouver cela égoïste. Nous sommes conscients de ces renoncements et ils sont le « côté plus sombre » du défi que nous nous sommes fixé, largement compensés par les nombreuses découvertes et rencontres que nous ferons dans notre vie de bourlingueurs.

Nous vidons la maison pour la mettre en location et cela aussi, ce n'est pas toujours facile : se retrouver face à ses souvenirs,  les trier,  penser que certains auxquels on tient particulièrement, plairont aux enfants et puis  non, ils n’en ont rien à faire. Enfin, l’avantage sera pour eux de n’avoir quasi plus rien à vider lorsque nous serons disparus. … Et puis, nous ne vous embêterons pas en parlant de l’administration de notre pays, des heures passées au téléphone,  sachez simplement que dans tous les domaines elle est à la hauteur de sa réputation et que,si certains fonctionnaires ne sont pas capables de sortir du cadre, nous en avons quand même rencontré quelques sympas…Ouf…

Mais où et par où partir ?

Nous ne sommes pas de grands originaux et donc aux alentours du 20 septembre, après la mise à l’eau de Manéa notre route sera classique : aux saisons les plus propices, nous tenterons de suivre  les alizés (nous sommes un peu frileux et aimons la chaleur) mais pour cela nous devrons d’abord sortir de la Méditerranée  par Gibraltar (donc d’ Hyères cap sur les Baléares et puis Gibraltar) et puis à nous l’Atlantique !!! Première grande escale de notre vie de bourlingueurs : Madère, et puis peut-être la découverte de L’Afrique du Nord par le Maroc mais ce qui est certain c’est que tout cet hiver nous naviguerons dans l’archipel des Canaries et que nous n’aurons sans doute pas trop de temps pour en découvrir les sept îles. Ensuite retour au pays pour quelques mois après avoir mis Manéa au sec….

En septembre 2012 retour vers les Canaries pour retrouver notre complice et descendre la côte africaine pour visiter le Sénégal et surtout la Casamance que l’on dit si belle, si authentique encore…Le Cap Vert ( ?) et puis, LA TRAVERSEE !!! fin 2012, début 2O13…et cap sur le Brésil, pays immense dont nous rêvons depuis si longtemps. Ensuite le Vénézuela avec les îles des San Blas, des Testigos et le Costa Rica pays où l’armée a été supprimée et où la majorité des budgets est consacrée en priorité  à l’éducation, la santé et à la préservation de la nature : le pays tout entier est en effet une immense réserve naturelle…Ce petit pays d’Amérique Centrale  devrait servir d’exemple à bien d’autres pays du monde.

Et puis  petites et grandes Antilles …Tant d’îles aux noms mythiques : Grenadines, Martinique… 

Tout cela est promesse de dépaysement, quelques années se seront écoulées et nous serons toujours dans l’Atlantique. Et ensuite me direz-vous ? Oserons-nous rejoindre le Pacifique pour atteindre les îles aux noms enchanteurs et prometteurs : les Marquises, l’archipel des Tuamotu, la Polynésie…..Mais ne faisons pas trop de pronostics, tous les marins vous diront que cela attire le mauvais œil…